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Comment vivre de sa passion ?
Quand Lucile, du blog Passion Samba, m’a proposé de participer à son évènement inter blogueurs, j’ai un peu hésité. Après tout, je ne vis pas de ma passion pour le moment et au moment où j’écris ces lignes je ne suis pas sûr à 100% d’y arriver.

Pour avoir discuté avec des illustrateurs nature, je sais aussi que ce métier est difficile et qu’il faut vraiment s’accrocher pour réussir à vivre uniquement de cette activité …
Bon, heureusement pour moi, ce n’était pas le projet … 

Même si ce n’est pas le cas pour l’instant, j’aimerais quand même réussir à vivre de ma passion pour la nature et le dessin. 

Dans cet article, je vais donc revenir un peu sur ce qui m’a amené à créer ce blog. J’aimerais aussi vous proposer quelques pistes de réflexion pour transformer une passion en carrière.

Parce que j’en suis convaincu, cultiver une passion, la partager et faire en sorte qu’elle prenne de la place dans votre vie (donc idéalement pouvoir en vivre) est possible ! 🙂

Cet article participe à l’évènement “Comment transformer sa passion en une carrière épanouissante” organisé par le blog Passion Samba. J’ai particulièrement aimé l’article 25 Concerts en 21 Jours : Un voyage au Brésil inoubliable qui propose un vrai voyage au Brésil, un Brésil festif et musical !

Un fil rouge : travailler dehors et participer à la protection du vivant

On aime ce qu’on connaît et on protège ce qu’on aime …
c’est un peu ce qui a guidé mes choix d’orientation et d’études jusque-là et encore maintenant avec la création de ce blog. 

Dit autrement, apprendre à connaître le vivant et le faire connaître pour donner envie de le protéger.

Il y a ensuite beaucoup d’options pour agir (vous pouvez retrouver quelques idées ici) mais il faut d’abord qu’il y ai l’envie.

Direction les bancs de la fac donc pour étudier la biologie puis l’écologie. Après être passé par différentes structures (associations, bureau d’étude, Parc naturel régional), j’en suis arrivé à ma situation actuelle : le blogging …

Ce n’est pas forcément un choix banal … bon, que s’est-il passé entre temps ?

Papillon Machaon posé

Un Machaon qui prend la pose (Erik Karits, Pixabay)

L’entreprenariat : une bonne idée pour vivre de sa passion ?

Est-ce que ça vous est déjà arrivé de tomber sur un contenu, découvrir une idée et vous dire, « Naaan, c’est pas possible, c’est trop beau pour être vrai, allez on zappe ça et on revient à la réalité … »

… mais au fond, garder cette idée dans un coin de votre tête ?

C’est ce qui c’est passé quand j’ai découvert les « digitales nomades » et le contenu d’Olivier Roland.
Ce qu’il mettait en avant ? 

Avoir un mode de vie qui permette de travailler d’où on veut, au rythme que l’on veut, vivre de sa passion et avoir du temps pour soi pour faire ce que l’on pense important, que ce soit les voyages, une passion, sa famille, ses amis, etc.

C’est vrai que ça semble un peu trop beau …

Et puis je suis retombé sur ce contenu des années plus tard, à un moment où j’avais le temps de creuser un peu et aussi l’envie de quelque chose de différent … et je me suis dit « et pourquoi pas » ?

Apparemment Olivier Roland n’avait pas disparu des radars et il y avait énormément de témoignages positifs sur sa formation, …

Allez on ferme les yeux et on saute !

L’idée était donc de créer une entreprise autour de la transmission d’une passion.
Bon d’accord, c’est bien l’entreprenariat, mais sur quel sujet partir ?

Dessiner et découvrir la nature

Je pense qu’avant d’apprendre à dessiner, je ne faisais que nommer les choses que je voyais. A présent, c’est différent.
Témoignage d’étudiants de Betty Edwards vu dans “Dessiner grâce au cerveau droit”1 

Après avoir un peu tourné dans le milieu naturaliste, où l’on cherche beaucoup à mettre des noms sur les espèces, j’avais envie de changer un peu d’approche.

Nommer est utile sous plein d’aspect, c’est ce qui permet de faire des inventaires, de suivre des populations d’espèces, et il y a aussi un côté plaisant de se promener et de savoir nommer ce que l’on observe.

Mais cette fois, j’avais donc envie d’une approche plus sensible, plus accessible et qui met en avant l’observation, l’attention et l’émerveillement. 

Le dessin semblait alors une très bonne option : il permet d’apprendre à observer (on « dessine avec les yeux » avant tout1), permet de redécouvrir les choses qu’on trouvait les plus banales et permet d’apprendre à s’émerveiller et à être curieux. 

Comme avec la photo, une belle image donne envie d’en savoir plus sur le sujet représenté et peut donner envie de connaître et d’observer l’espèce « en vrai ».

Je suis donc parti là-dessus : utiliser le dessin pour apprendre à observer et découvrir la nature …

Et puis il y a eu la découverte du « Nature Journaling ».

Dessin de Rosalie des Alpes

Dessin de Rosalie des Alpes (fait le 21-10-23)

Le Nature Journaling

En cherchant des livres sur le dessin nature, je suis tombé sur le livre de John Muir Laws, « The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling »2. Les conseils de dessins étaient vraiment très bons et le côté Nature Journaling ne me parlais pas vraiment à ce moment.

Après avoir épluché tout le contenu sur le dessin, je me suis donc penché sur l’autre partie du livre.
Et là grosse découverte : c’est exactement l’approche que je cherchais pour le dessin.

L’idée du Nature journaling est simplement de noter ses observations nature dans un carnet dédié, à l’aide de dessins, mais aussi de mots et de chiffres

L’accent est mis sur l’observation, la curiosité et la découverte et non sur le côté artistique. 

Le côté journal fait référence à quelque chose de personnel, qu’on remplit régulièrement, qui permet de cultiver un certain rapport personnel à la nature. 

La créativité à une place centrale donc puisqu’il n’y a pas de modèles imposés. C’est un bon endroit pour s’entraîner à être plus créatif donc (sans pression 🙂).

On peut écrire dans tous les sens, mélanger les mots aux dessins, coller des photos ou des éléments naturels comme des feuilles séchées, mettre des citations ou des poèmes, noter ses réflexions, ses interrogations pour y répondre plus tard ou non, noter à quoi nous fait penser une observation (pour faire des liens avec des connaissances qu’on a déjà), …

Avec la pratique, le journal peut avoir ce côté artistique mais ce n’est pas l’objectif.

Je venais alors de découvrir un outil incroyable pour faire sans cesse de nouvelles découvertes nature et cultiver ses compétences d’observation, sa mémoire, sa curiosité, sa créativité et s’émerveiller. Autant de compétences utiles dans plein de domaines.

Je commence à creuser le sujet, mais d’un point de vue éducation par la nature les possibilités sont assez énormes (écriture, mathématiques, démarche scientifique, esprit critique, créativité, arts, …). Je ferais peut-être un article sur le sujet. 🙂

Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur cet article et télécharger gratuitement un guide que j’ai écrit avec mes petites mains qui parle beaucoup de cette approche ici

C’est pas tout mais vous vous demandez peut-être : Et ce projet d’entreprise dans tout ça finalement ? 

Page de Nature journaling sur le Coquelicot

Coquelicot journaling (Mirhayasu)

Obstacles et difficultés

Ça n’a peut-être pas l’air, mais le nombre de sujets sur lequel il faut se former est impressionnant quand on veut vivre de sa passion. 

Après avoir mis en pause ce projet de blog pendant un petit temps, je l’ai repris à un moment où j’étais donc un peu plus disponible.

Voici donc quelques sujets sur lesquels se pencher quand on veut vivre de sa passion :

  • Sa passion d’abord, que vous quasi-débutiez comme moi au moment de me lancer ou que vous ayez de bonnes compétences, c’est très important de se former en continu. Si votre idée est de vivre en enseignant votre passion ce sera d’autant plus important. Pour savoir comment l’enseigner, il faudra peut-être reprendre les bases qui, une fois acquises, ne sont pas faciles à cibler précisément et à expliquer. De mon côté, entre le dessin, l’aquarelle, le nature journaling, … j’ai eu de quoi m’occuper 🙂.
  • Se former sur la pédagogie et la transmission.
  • Pour l’entreprenariat, il y a quelques incontournables comme l’organisation, la gestion du temps, le marketing / savoir se vendre et parler de son activité (en ligne ou en entreprenariat plus classique), …
  • En ligne, d’autres sujets peuvent venir comme la rédaction d’articles, la prise de notes, les aspects techniques de la création et de la gestion d’un site, les réseaux sociaux, la création de vidéos, les podcasts, le “copywriting”, le “référencement” pour les moteurs de recherche, …

Il ne faut donc pas sous-estimer tout ça qui peut prendre du temps et de l’énergie. Il n’y a pas qu’un seul modèle d’entreprise bien sûr et tout ça dépendra donc de celui que vous choisirez.

D’où l’importance d’avoir votre passion comme moteur pour avancer et rester motivé. Ensuite, toutes ces compétences peuvent s’apprendre petit à petit.

L’importance de cultiver sa passion

Ça parait peut être évident, mais pour vivre de sa passion, il faut prendre le temps de la cultiver et surtout sauter le pas de la partager.

Même si c’est timide au début, parce qu’on n’est pas trop sûr de soi, ou qu’on se compare à des références et qu’on se dit que c’est tellement mieux que ce qu’on fait …

Il faut faire un petit pas, trouver un moyen de la partager, d’en parler, de faire des rencontres autour de cette passion …

Quand on regarde les personnes qui vivent de leur passion et qui en parlent, le nombre de fois où on se rend compte qu’en fait il y a eu beaucoup de hasards, d’occasions qui se sont présentées et des opportunités saisies est impressionnant.

A chaque fois, c’est une histoire de partage, de passion et de rencontres : partager sa passion, en parler et rencontrer les bonnes personnes qui font que l’on va pouvoir vivre d’une passion. 

Dans ces “success story” il y a aussi presque tout le temps des échecs, des difficultés et à chaque fois des apprentissages et de la persévérance.

Mais alors, comment partager votre passion ? 

Partager sa passion

Que ce soit en ligne avec un blog, des vidéos, des réseaux sociaux ou des ateliers live ou hors ligne, de nombreuses possibilités existent.

Est-ce que cette passion ne pourrait pas être intégrée d’une manière ou d’une autre dans vos missions à votre travail ? Après tout, ce sont de vraies compétences que vous avez développées et peut-être que vous pourriez les proposer à votre employeur ? Ce pourrait être une occasion de faire évoluer votre poste et ce serait gagnant-gagnant. 

Ou bien partager cette activité avec d’autres collègues en leur proposant sur des temps le midi ou en fin de journée ?

Vous pouvez aussi partager cette activité en dehors de votre travail, en proposant des ateliers dans une salle communale, via une MJC, en créant une association, en organisant des « meetup », …
Il existe plein possibilités 😉. 

Avec un peu de recul, c’est une des choses que je ferais différemment et plus tôt : prendre le temps de cultiver ma passion pour le dessin et chercher des moyens de la partager. Même si ce n’est qu’une fois par mois, dans un cadre sans pression, j’aurais sans doute bien plus progressé et je n’aurais pas tant de choses à assimiler en même temps en ce moment. Et ça m’aurait aussi peut-être ouvert d’autres portes. 

Même si ce n’est que très ponctuellement, même avec un emploi du temps chargé, c’est quelque chose qui peut trouver sa place et c’est un premier pas important pour entretenir une passion et pouvoir en vivre si c’est votre objectif. 

Cultiver une passion, c’est développer des compétences, faire ce qu’on aime et potentiellement devenir très bon (oui oui) puisque plus on pratique quelque chose plus on s’améliore. En général, quand on aime quelque chose, même si ce n’est pas toujours facile, on y revient et on progresse justement parce que l’on aime ça. 

C’est vrai que suivre une passion prend du temps, mais ça vous apporte aussi beaucoup de bénéfices en retour (que ce soit un sport, un art, une activité créative, …) que vous n’aurez plus si vous ne la pratiquez pas

Vous pouvez donc vous demander combien ça vous “coûte” de ne pas pratiquer votre passion (énergie, bien-être, …). 

Si ça vous coûte plus de ne pas la pratiquer que de la pratiquer, en général c’est gagné et vous trouverez le temps et la motivation 🙂. 

Si vous manquez de motivation à un moment, vous pouvez donc vous rappeler tout ce que vous apporte votre passion et que vous n’aurez plus si vous lâchez l’affaire. 

Développer vos compétences et pratiquer votre passion, c’est un peu comme monter un escalier. A chaque fois que vous vous exercez, vous montez quelques marches, vous prenez un peu de hauteur. Vous repoussez alors un peu l’horizon, vous voyez un peu plus loin et vous voyez des choses que vous ne pouviez pas voir avant. Des possibilités s’ouvrent, des portes apparaissent qui étaient là, à l’étage supérieur mais que vous ne voyiez pas jusqu’à présent. 

Mais bon … ce n’est pas un escalator non plus, et il faudra fournir un peu d’efforts 😉 (même si c’est fait avec plaisir).

Arrosoir et pied de tomate cerise

Cultiver sa passion ou cultiver un potager, même combat (Janusz Walczak, Pixabay)

Prêt à se lancer ?

Vivre de sa passion : un chemin qui n’est pas de tout repos mais qui en vaut la peine

Une histoire qui revient dans l’entreprenariat est celle du Paradoxe de Stockdale.
Tiré de l’expérience de James Stockdale qui a été prisonnier de guerre au Vietnam pendant 7 ans, on pourrait la résumer en disant qu’il faut bien regarder la réalité, avec toute ses difficultés, parfois dures et en même temps ne jamais perdre la confiance que l’on va finir par réussir.

Il a remarqué que les prisonniers qui étaient trop optimistes et qui espéraient être libérés rapidement finissaient par perdre espoir et succomber et que ceux qui n’espéraient plus du tout ne s’en sortaient pas mieux.

Il a résumé ça en disant : « Vous ne devez jamais confondre la foi que vous finirez par réussir (ce que vous ne pouvez jamais vous permettre de perdre) avec la discipline de confronter les faits les plus brutaux de votre réalité actuelle. »

Vivre de sa passion n’est pas facile, et c’est important de bien voir et d’anticiper les difficultés qui peuvent se présenter pour ne pas finir par perdre espoir d’y arriver. C’est important aussi de s’accrocher et de ne pas perdre la confiance que c’est possible. 

Essayer, rater, apprendre, ajuster, réessayer, … comme apprendre à marcher, c’est la démarche de tout apprentissage et de tout projet.

Faire des petits pas, essayer de bien voir les difficultés sans tout anticiper au millimètre pour ne pas être paralysé non plus, prendre des risques mesurés mais oser se lancer en y croyant, … C’est un chemin passionnant 🙂.

Pour finir

« Voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant. » – Antonio Machado, poète espagnol

Peut-être que vous réussirez à vivre de votre passion, ou peut-être que ce sera plus compliqué, mais ce qui compte, c’est de commencer par la cultiver, la partager, et tenter votre chance. Même si le résultat est incertain, vous aurez fait ce qui vous anime sans rien regretter. Pouvoir vivre de votre passion ne sera ensuite que du bonus. 

De mon côté, je marche toujours pour découvrir le chemin et voir si je peux vivre de ma passion. 

Comme le dit si bien Henry David Thoreau, 

Si vous avez construit des châteaux dans les nuages, votre travail n’est pas vain ; c’est là qu’ils doivent être. À présent, donnez-leur des fondations.”

Pour vous inspirer un peu plus, voici une petite vidéo qui résume bien l’idée de suivre ses rêves et sa passion. Une petite vidéo feel-good, inspirante et ensoleillée (mais n’oubliez pas la crème solaire, je vous laisse découvrir pourquoi dans la vidéo 😉). 

Et vous, quelle est votre passion ? Avez-vous déjà pensé à en faire votre carrière ? Partagez vos réflexions et expériences dans les commentaires, j’adorerais connaître votre point de vue !

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Pour aller plus loin

– (1) EDWARDS, B. Dessiner grâce au cerveau droit (4e édition): Une méthode imparable pour s’initier à la pratique du dessin, 4e édition.; Mardaga éditions: Wavre (Belgique), 2014.

– (2) Sur le Nature Journaling :
Laws, J. M. The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling; Heyday Books: Berkeley, California, 2016.

– Un site de référence sur le Nature Journaling : What is Nature Journaling? — Wild Wonder Foundation

– Un très bon livre plein de bons conseils pour ne pas se décourager :
Midal, F. La théorie du bourgeon: Une philosophie anti-découragement; Flammarion, 2024

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