Bilan du défi pour apprendre le dessin botanique (2/3) : Couleurs, détails et textures

Temps de lecture : 9 minutes

Apprendre le dessin botanique en 30 jours, c’est l’objectif du défi que je me suis lancé il y a maintenant un peu plus d’un mois.
Si vous ne savez pas de quoi je parle, je vous invite à faire un tour sur l’article qui présente tout ça ici 😉. 

Vous pouvez également retrouver le bilan des 10 premiers jours de ce défi ici. 

Dans cet article vous trouverez les résultats de mes explorations pour la “phase 2” et la “phase 3” de mon défi : la couleur, les détails, les textures des plantes à fleurs et le dessin sur le terrain. 

Poils, reflets, nervures sur les feuilles, aquarelle, … je vous laisse découvrir tout ça 🙂

Les illustrations de cet article ont été réalisées à partir du livre « The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling » de John Muir Laws. 

 Bonne lecture ! 

Couleurs, détails et textures (jours 11 à 20)

Voici donc la deuxième phase du défi : apprendre à représenter les couleurs, les textures et les détails des plantes sauvages. Pour en savoir plus sur comment je me suis organisé pour ce défi et pourquoi je vous parle de “2ème phase” ici vous pouvez aller faire un petit tour sur les 2 articles cités en introduction 😉.

Commençons donc par la couleur.

La couleur

Pour la couleur, je suis parti sur de l’aquarelle. C’est une technique que j’aime bien malgré qu’elle ne soit pas évidente à maîtriser. Elle offre beaucoup de possibilités et est très utilisée en dessin naturaliste. J’avais aussi tout le matériel sous la main donc le choix était vite fait 🙂. 

Je pense essayer d’autres techniques plus tard en complément comme le crayon de couleur ou le feutre fin. 

Pour l’aquarelle, l’essentiel se passe au niveau de la maîtrise de l’eau et du mélange de couleurs. 

C’est quelque chose qui n’était pas tout à fait nouveau pour moi mais que je n’avais quand même pas beaucoup pratiqué. Ces derniers mois je me suis surtout concentré sur le dessin au graphite. 

Petite difficulté supplémentaire pour pimenter encore les choses : pour dessiner sur le terrain j’ai acheté un pinceau à réservoir d’eau. Il évite d’avoir à prendre avec soi des verres et un stock d’eau (pas très pratique). 

Seulement, avec ce type de pinceau, l’eau est encore plus compliquée à gérer. Le pinceau reste toujours humide et c’est difficile voir impossible d’appliquer de la peinture peu diluée. Ça complique donc beaucoup l’ajout de détails ou l’utilisation d’une couleur foncée.

J’ai donc choisi d’utiliser ce pinceau comme un réservoir d’eau pour diluer la peinture. Il m’a aussi servi à nettoyer le pinceau classique que j’ai utilisé à la place.

En fait … je me suis un peu débrouillé comme j’ai pu. Maîtriser ce pinceau à réservoir d’eau aurait pris pas mal de temps, ce qui m’aurait empêché de progresser sur les objectifs que je m’étais fixé. 

Au final, cette approche m’a quand même permis d’éviter l’utilisation de verres d’eau, je pourrai donc l’appliquer sur le terrain … et ça c’est chouette. 

Je reste convaincu que ce type de pinceau permet d’avoir de très bon rendu – certains artistes les utilisent presque exclusivement – mais ils demandent à être pratiqués et apprivoisés. 

Au final, j’ai bien pu illustrer en couleurs, mais encore une fois, j’ai manqué de temps pour vraiment apprendre à utiliser l’aquarelle, comment faire un dégradé de couleurs sur un dessin ou comment représenter des ombres par exemple. 

L’aquarelle est un vrai sujet à elle toute seule ! Elle mérite des articles dédiés pour entrer dans le détails et donner des conseils plus poussés pour apprendre à la maîtriser. Il n’y a pas vraiment la place pour ça ici mais vous pouvez déjà retrouver quelques conseils dans ces deux articles : ici et surtout ici. 

Toute première illustration en couleur de ce défi !

Détails

Pour les détails, j’ai utilisé un crayon graphite, appliqué à la fin sur la peinture sèche. Et je dois dire que ça fonctionne plutôt bien !

Le graphite se voit bien sur l’aquarelle et permet de faire ressortir les contours et la forme des feuilles et des pétales. 

Les contours des formes au premier plan peuvent être noircis un peu plus pour donner une impression de profondeur. 

Par contre, le crayon doit être appliqué avec précaution : une fois dessiné sur l’aquarelle il ne peut plus être effacé.

Parmi les autres techniques pour ajouter des détails j’ai bien envie d’essayer les crayons de couleurs, les crayons aquarellables et le feutre fin. 

Mais bon, 10 jours ça passe très vite, ce sera donc pour une prochaine fois ! 

Un simple crayon graphite permet d’ajouter des détails une fois la peinture posée

Textures

• Les nervures
• Les poils
• Les feuilles abîmées
• Les feuilles bosselées
• Les reflets sur les feuilles 
• Les “plantes grasses”

Les conseils suivants viennent du livre “The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling” de John Muir Laws mais vous pouvez en retrouver certains dans les vidéos de l’auteur sur Youtube, notamment dans celle-ci. 

Stylo gel blanc

Une astuce qu’il utilise beaucoup pour représenter rapidement des textures est de se servir d’un stylo gel blanc (références en fin d’article). Ce type de stylo peut servir à : 

• Dessiner des nervures
• Représenter des poils
• Représenter l’épaisseur des feuilles ou des pétales

Ce stylo est très blanc, ce qui peut faire un peu bizarre (avec un aspect “blanco”). Pour atténuer cet effet, vous pouvez sécher le stylo juste après l’avoir posé, avec un mouchoir par exemple. Une fois séché, une autre possibilité est de repasser dessus avec de la peinture pour foncer le tout.

Ce n’est pas évident, ça peut très bien fonctionner mais de mon côté j’ai eu un peu de mal. Ça demande de la pratique je pense : trop d’eau et il y a un risque de diluer le stylo gel ou que la peinture s’étale de trop et ne colore pas la nervure. Pas assez d’eau et vous ne pourrez pas étaler la peinture ou vous ne verrez plus du tout la nervure car la peinture sera trop foncée … 

Les nervures sont dessinées par de simples traits longs et les poils par des traits plus courts. 

L’avantage ici, c’est qu’une nervure peut être très compliquée à peindre autrement : il faut la peindre en premier puis peindre le reste de la feuille tout autour pour que la nervure apparaisse plus claire. Ou alors peindre tout d’un vert clair puis repasser une couche une fois la première sèche sauf à l’emplacement de la nervure (superposer les couches permet d’avoir une couleur plus foncée) …

Dans tous les cas c’est long et un peu délicat. La technique d’utiliser un stylo gel est plus simple et plus rapide. 

Nouvel essai avec la technique du stylo gel (20/11/23)

Feuilles abîmées, bosselées et reflets à l’aquarelle 

Pour une feuille abîmée, j’utilise du noir teinté avec la couleur sur laquelle je vais poser poser le noir. Pour une feuille ce sera donc du noir teinté avec du vert. Ça fonctionne plutôt bien. 

Quelques tâches noires-vertes par-ci par-là donne l’impression d’une feuille un peu fatiguée

Pour faire une feuille bosselée, ça se complique un peu. Je n’ai pas assez pratiqué et le résultat que j’ai eu n’est pas terrible. L’idée consiste à faire des traits clairs au stylo gel et de représenter des zones d’ombres entre chaque trait. Cela permet de montrer comment la lumière change rapidement dû aux bosses sur la feuille justement, en alternant zones éclairées et zones sombres. 

Représenter les ombres et plus généralement des dégradés de couleurs est quelque chose d’assez compliqué. Sur les dessins que j’ai fait, on voit bien la limite entre 2 couleurs et ça ne rend pas très bien. C’est quelque chose que je vais devoir creuser pour avoir un rendu un peu plus sympa.

Pour les reflets, l’astuce que j’ai trouvée consiste à utiliser un bleu plutôt clair et de manière localisée pour montrer les reflets du soleil. Là encore ça demande de la pratique, le résultat que j’ai obtenu n’est pas incroyable. 

Le bleu fait un peu tâche … dégradé et mélangé avec le vert l’effet rendrait bien mieux !

Une astuce que je n’ai pas essayée mais qui m’a l’air un peu plus simple est d’utiliser des crayons aquarellables. Il est assez facile de mélanger des couleurs avec ces crayons : comme pour des crayons de couleurs classiques, vous pouvez colorier, par exemple en utilisant des hachures, et en utilisant plusieurs couleurs. 

Rajoutez un peu d’eau sur la feuille après la pose des crayons et ils vont se transformer en peinture à l’aquarelle. Les couleurs vont se mélanger de manière assez uniforme. Je n’ai pas essayé cette technique donc je ne pourrais pas en dire beaucoup plus mais ça m’a l’air intéressant à tester. 

Plantes grasses 

Dernière texture essayée, pour laquelle je suis plutôt content du résultat cette fois !

Ici, toujours d’après le livre de John Muir Laws, j’ai utilisé des couleurs claires et j’ai ajouté une couche de crayon blanc à la cire par dessus, une fois la peinture bien sèche. 

Et ça fonctionne plutôt bien ! 

Seule petite chose à travailler pour un rendu plus sympa : le mélange des couleurs pour faire des dégradés et ne pas voir de limite nette entre les couleurs. Et l’ajout d’ombre aussi  pour aller un peu plus loin. 

Pour ces plantes grasses, repasser avec un crayon de papier assez gras, pour avoir des limites bien noires, ajoute un petit plus plutôt sympa. Certains artistes utilisent du feutre noire fin, il se prête bien aux plantes grasses et peut donner de très beaux rendus. 

Le même vert est appliqué partout, la différence de couleurs et dûe au crayon blanc à la cire ajouté par-dessus

Clairement, cette deuxième phase m’a pris plus de 10 jours … Avec plusieurs contraintes, je n’ai pas vraiment pu partir sur le terrain. J’y reviens dans la partie suivante dans laquelle je vous partage quand même quelques astuces que j’ai découvertes sur le dessin sur le terrain. 

Sur le terrain ? … c’est compliqué (jours 21 à 30)

Automne plus Normandie … ça donne pas mal de pluie (“Y’r’ pleut” comme on dit ici). 

Ça plus des journées qui raccourcissent, un peu moins de temps pour dessiner et une organisation pas au top … ça fait que je n’ai pas testé le dessin sur le terrain. 

Voici tout de même quelques astuces que j’ai lues et qui m’ont l’air intéressantes et que je souhaite donc vous partager :

• Faites-vous un kit de terrain toujours accessible pour gagner du temps et pouvoir l’emporter facilement si vous partez en balade : quelques crayons attachés par un élastique, votre carnet à dessin / papier à aquarelle, les pinceaux que vous utilisez, une gomme, quelques peintures, une palette facile à transporter … À vous de voir ce qui vous paraît utile. Vous pouvez toujours en emporter plus la première fois et simplifier ce kit au fur et à mesure en fonction de ce que vous utilisez réellement.

• Pour l’aquarelle, un pinceau à réservoir d’eau me semble indispensable, pour l’utiliser comme réservoir comme je l’ai fait, ou pour l’utiliser en tant que pinceau. 

• Toujours pour l’aquarelle, vous pouvez utiliser une vieille chaussette que vous passerez autour de votre poignet (en coupant le bout avant). Elle vous servira à nettoyer votre pinceau et à enlever l’excès d’eau.

• Si vous partez en balade, n’enfouissez pas votre matériel de dessin au fond de votre sac, sinon vous aurez très peu de chance de le sortir. Il doit être facilement accessible, un petit sac en bandoulière peut être une bonne idée en complément d’un autre sac si vous partez en randonnée par exemple. 

Le dessin sur le terrain est vraiment quelque chose qui me tente donc ce n’est que reporté ! Je pourrais vous partager plus de contenu et de conseils là-dessus dès que je m’y serai mis sérieusement 😉. 

Conclusion

Nous arrivons au bout de cette deuxième partie du bilan du défi pour apprendre le dessin botanique en 30 jours. 

Nous avons vu comment représenter la couleur avec de l’aquarelle, les détails avec du graphite et les textures principalement avec un stylo gel blanc. Tout ça demande bien-sûr de la pratique pour être maîtrisé et pour donner des résultats un peu plus sympas. 

Nous avons aussi vu quelques idées pour faciliter le dessin sur le terrain, qui présente pas mal de contraintes. 

Encore une fois, je ne suis pas entré beaucoup dans le détails pour l’aquarelle mais c’est un sujet complexe qui mérite des articles et des explications dédiées. C’est aussi quelque chose que je dois travailler … en tout cas c’est un sujet que je suis sûr d’aborder plus tard sur ce blog ! 

Dans la dernière partie de ce bilan je reviendrai sur les difficultés que j’ai rencontrées pendant ce mois et que vous rencontrerez peut-être aussi si vous vous lancez dans l’apprentissage du dessin botanique en couleurs. Vous trouverez aussi quelques conseils pour démarrer dans ce type de dessin.

Quelques illustrations en plus

Ressources

• LAWS, J. M. The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling; Heyday Books: Berkley, California, 2016.
• Mini-cours gratuit en vidéo pour dessiner les plantes : Blog de John Muir Laws
• Cours vidéo pour dessiner les plantes sauvages : Youtube
• Conférence pour apprendre à dessiner des feuilles et des nervures : Youtube

Matériel utilisé :

• Portes-mine et mines 0.5 mm : 2B, 4H
• Non photo blue pencil « Col-erase » #20028
• Crayon gomme « Tombow mono-zéro » , gomme classique et gomme « mie de pain »
• Pinceau à aquarelle fin et pinceau moyen
• Pinceau à réservoir d’eau « Pentel aquash brush 18mm »
• Crayon pastel blanc Faber-Castell 1122-101
• Stylo gel blanc Mitsubishi Signo Uni-ball 

A très vite !