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Nous voilà à une semaine du début de mon défi. Si vous prenez le train en marche et que vous ne savez pas de quoi je parle, je vous invite à faire un tour sur cet article

En quelques mots, il y a une semaine je me suis lancé le défi de m’améliorer en dessin naturaliste en 30 jours. A la fin de cette période, je souhaite pouvoir réaliser une illustration complète qui soit réaliste et en couleurs. Pour valider ce défi, je comparerai le dessin final au premier que j’ai réalisé qui me servira de point de référence. Je me suis aussi donné l’objectif de réaliser un dessin par jour que je publie sur mes réseaux (Instagram et Facebook).

Quelles difficultés j’ai rencontrées ? Quels progrès j’ai pu faire ? Qu’est ce que j’ai retenu de cette première semaine ? C’est ce que nous allons voir dans cet article ! 

Si le dessin vous intéresse et que vous pensez vous y mettre ou vous y remettre, vous trouverez ici quelques petites astuces et conseils qui devraient vous être utiles 😉 

J’ai aussi indiqué les ressources et le matériel que j’ai utilisé à la fin de cette page. Je vous ferai un retour plus complet sur ce qui m’a le plus aidé à la fin de ce défi. 

C’est parti ! 

Le début n’a pas été très simple. En fait, j’ai réussi à manquer mon objectif de réaliser un dessin par jour dès le premier jour … 

J’ai voulu réaliser une vidéo courte pour présenter un exercice que je réalise et que vous pouvez refaire facilement pour vous approprier l’aquarelle et les couleurs et comme c’était une première pour moi … ça m’a absolument pris tout mon temps. Tant pis, j’ai repris mon défi le lendemain.

Le dessin, c’est comme le sport

Est-ce qu’on vous a déjà dit de bien vous échauffer avant de faire une activité sportive ou de reprendre progressivement si vous n’en avez pas fait depuis longtemps ? 

Avec le dessin c’est un peu pareil. Je l’ai vite compris en reprenant avec un objectif assez ambitieux quand on débute (un dessin complet par jour) et après environ 3 ans en ayant très peu dessiné. Travailler en plus sur une compétence en particulier a été assez compliqué.

J’ai fait beaucoup d’erreurs et perdu pas mal de temps. J’ai utilisé des kilomètres de gomme (enfin presque) : dessiné, effacé, rectifié, effacé à nouveau, … 

J’ai aussi appris des choses qui me seront bien utiles et j’ai pu m’entraîner sur des sujets variés que je n’avais jamais essayé jusque-là. 

Voici donc mes flops pour ce premier objectif d’un dessin par jour et les leçons que j’ai pu en tirer :

1. Réaliser un dessin complet par jour prend énormément de temps quand on débute. Les nombreuses fois où il faut reprendre un trait m’ont parfois un peu découragé : 
  • Pour progresser sans se décourager, mieux vaut se concentrer sur de petits dessins qui permettent de travailler un point particulier (proportions, contours, valeurs, etc). Pour gagner du temps, une bonne idée peut être d’utiliser du papier calque pour tracer les traits si l’objectif est de travailler sur autre chose que les contours et proportions (les valeurs ou les textures par exemple).
  • Réaliser un dessin complet est plaisant mais il faut se laisser le temps de le faire à son rythme en fonction de son niveau en dessin sinon c’est la saturation assurée. Attention quand même aux projets de dessin qui finissent dans un coin et ne sont jamais achevés (ça peut vite arriver). 
2. De nombreuses erreurs sur les premiers tracés qui obligent à effacer et reprendre les traits très souvent :
  • Vous pouvez faire une première esquisse en dessinant de grandes formes géométriques qui permettent de placer les principaux éléments rapidement, aux bons endroits et dans les bonnes proportions. Les détails sont tracés dans un deuxième temps. Cela évite de passer beaucoup de temps à dessiner précisément un trait pour se rendre compte au final que les proportions ne sont pas bonnes et qu’il faut tout recommencer. Vous trouverez quelques exemples en images ci-dessous.
  • Je réalise souvent 3 ou 4 tracés pour un dessin : un premier pour placer les éléments, en trait très léger. Un deuxième plus précis et plus net. Le premier tracé est effacé à la gomme. Le troisième tracé sert à repasser sur le deuxième pour qu’il soit plus net, la gomme l’ayant forcément effacé de manière assez irrégulière. 
  • Dernière astuce : vous pouvez retourner votre modèle et votre feuille de dessin (à moins de faire le poirier, cette astuce ne marche pas à l’extérieur). Retourner son modèle permet de faire “bugger” le cerveau. Dit comme ça, ça n’a pas l’air mais en fait c’est très bien : on ne réfléchit plus à ce qu’on dessine parce que le cerveau ne reconnaît plus ce que l’on  souhaite dessiner. C’est alors beaucoup plus facile de dessiner correctement les traits. Sans cette astuce, c’est un peu comme si, en reconnaissant notre modèle, notre cerveau orientait notre trait malgré nous. Il faut alors faire pas mal d’efforts et d’erreurs pour dessiner à partir de ce que l’on voit réellement 1.
Esquisse au crayon graphite d'une grenouille

Diviser le modèle en un maximum de formes géométriques emboîtées les unes dans les autres peut aider comme pour cette Rainette.

Croquis d'une pie en vol

Pour une aile, situer l’emplacement de chaque pointe de plume dès le début peut faire gagner beaucoup de temps.

Esquisse au crayon graphite d'une fleur

Dessiner un ovale permet de placer facielement les pétales d’une fleur

L’objectif de cette semaine en dehors de ce dessin quotidien était de travailler sur la couleur. Pour ça je suis parti sur de l’aquarelle, ce qui n’est pas forcément le choix le plus facile (mais bon, quitte à chercher à faire compliqué autant le faire à fond). Voyons ça tout de suite. 

La couleur et l’aquarelle 

Pourquoi l’aquarelle ? 

Dans l’illustration naturaliste l’utilisation de l’aquarelle revient très souvent et pour moi les deux allaient assez naturellement ensemble.

Mais ça c’était avant que je tombe sur des artistes qui travaillent aux crayons de couleurs et qui font des dessins assez impressionnants. La technique n’avait pas l’air beaucoup plus simple et comme j’avais déjà le matériel pour l’aquarelle je suis finalement resté là-dessus. 

Chacune de ces deux techniques permet des rendus différents et l’aquarelle permet de faire de très belles illustrations donc je n’ai pas de regrets.

En dehors de ces deux techniques, différentes options se présentent si vous souhaitez travailler avec la couleur. Il y a par exemple les crayons aquarellables (qui donnent un effet d’aquarelle avec l’ajout d’eau sur la feuille une fois le trait dessiné) ou le feutre. Les feutres fin noirs sont par exemple souvent utilisés en dessin botanique (à l’encre de chine très souvent) ou pour rendre des textures avec des techniques telles que le “pointillisme”. Le feutre noir est parfois associé à d’autres techniques : aquarelle, encre, etc. 

Pour un exemple de cette association aquarelle / feutre vous pouvez regarder le travail de Maud Briand (personnellement je suis fan !).

Illustration botanique réalisée au feutre

Dessin botanique au trait (Pixabay)

Concrètement, comment faire pour travailler avec l’aquarelle ?

La technique : couleurs, gestion de l’eau, …

J’ai pu tester différentes techniques qui rendent des effets assez sympas et qui laissent beaucoup de possibilités pour l’illustration naturaliste. 

Je n’ai par contre pas eu le temps de pratiquer suffisamment pour vous faire un retour détaillé ici. Je le ferai donc dans l’article qui fera le bilan de ces 30 jours.

Je vous présente donc ici quelques premières remarques et conseils sur l’aquarelle qui viennent des difficultés que j’ai rencontrées. Cela peut vous donner des idées de choses à faire ou à éviter si vous voulez vous lancer à votre tour. Je travaillerai ces différents points dans la suite de mon défi.

Une question d’eau et de couleurs 

C’est je pense le plus important avec l’aquarelle : la maîtrise de la quantité d’eau et de la quantité de peinture utilisée.

1. Eau

En fonction de la quantité d’eau utilisée, la couleur sera plus ou moins claire ou foncée. Je vous conseille donc de réaliser le mélange eau / peinture à part et de l’appliquer une fois que la proportion de chacun de ces deux éléments vous paraît bonne. Cela permettra de toujours avoir la même quantité d’eau et de pigment pour une même zone et donc la même teinte. 

Si vous y allez un peu à taton comme j’ai pu faire vous risquez de vous trouver avec une intensité de couleur différente pour une même zone et si ce n’est pas l’effet recherché ça peut gâcher votre dessin. La quantité d’eau joue aussi sur la manière dont la peinture va s’étaler : trop d’eau et elle risque d’aller un peu partout, pas assez d’eau et elle sera difficile à étaler. 

Pour voir si la proportion d’eau et de peinture est bonne ou si votre mélange de couleur vous satisfait c’est donc très important de tester sur un brouillon avant d’appliquer la peinture sur votre dessin.

différentes valeurs à l'aquarelle en fonction de la quantité de peinture et d'eau

En faisant varier la quantité d’eau il est possible d’obtenir différentes valeurs. Les termes « café », « thé », etc, sont utilisés en aquarelle pour définir la consistance plus ou moins liquide de la peinture

2. Couleurs

Pour la couleur, si vous en fabriquez une en en mélangeant plusieurs faites attention à en faire suffisamment. Si au milieu de votre dessin vous êtes obligé de refaire un mélange pour continuer, vous risquez de ne pas doser la peinture de la même manière et de ne pas obtenir tout à fait le même mélange. Si vous l’appliquez pour une zone qui est censée être d’une couleur uniforme ça posera alors problème. 

Petite astuce pour faire des économies de peinture aussi (c’est toujours bon à prendre 🙂) : Plutôt que de laver votre palette vous pouvez très bien laisser la peinture sécher et la réutiliser plus tard en ajoutant de l’eau dessus. 

Dernier conseil, il est important d’appliquer la peinture en même temps pour une même zone, autrement vous risquez de vous trouver avec une peinture qui n’aura pas la même proportion de pigment et d’eau ou de repasser sur une zone sèche. Superposer de cette manière les couches de peintures va donner une teinte plus foncée ce que vous voulez peut être éviter.

Si c’est ce que vous recherchez, c’est au contraire une très bonne technique. C’est justement mon point suivant.

3. Superposition de couches et tons

Pour obtenir un ton plus foncé vous pouvez superposer des couches les unes sur les autres en laissant bien sécher la peinture entre deux ajouts. Par exemple, si une zone est d’une couleur uniforme avec certains endroits plus sombres, vous pourrez appliquer une première couche sur l’ensemble de la zone, laisser sécher et appliquer une nouvelle couche là où vous souhaitez avoir une teinte plus sombre. Plus vous superposerez de couches, plus la couleur sera foncée. 

De une à 5 couches de peintures superposées pour obtenir des tons plus foncés

Plus le nombre de couche superposée est grande, plus la valeur est sombre

4. Le pinceau

L’utilisation d’un pinceau au lieu d’un crayon donne beaucoup de possibilités mais peut aussi faire faire quelques erreurs au début. En appuyant sur le pinceau il s’écrase et s’élargit, ce qui donne un trait plus épais. Inversement, en diminuant la pression, le trait devient plus fin. Avec cette technique vous pouvez faire de beaux effets pour faire des feuilles ou des plumes par exemple. 

illustration de feuilles à l'aquarelle

Feuilles à l’aquarelle

Quelques trucs et astuces :

  • Si vous voulez tester l’aquarelle je vous conseils de commencer avec le minimum requis pour voir si cela vous plait avant d’investir plus : de bonnes feuilles, un pinceau de taille moyenne et une couleur comme le noir (plus facile pour s’entrainer sur les valeurs). Si vous accrochez, il deviendra vite nécessaire d’acheter un peu de matériel supplémentaire : quelques couleurs en plus pour vous faire plaisir et varier vos illustrations et un pinceau fin pour les détails. Une bonne option serait d’acheter les 3 couleurs primaires (jaune, bleu, rouge) pour pouvoir créer d’autres couleurs. Si vous savez déjà que vous utiliserez une couleur en particulier par contre n’hésitez pas ! (un beau vert pour des illustrations botaniques par exemple). 
  • Vous pouvez débuter avec quelques exercices qui permettent dapprivoiser l’eau et la couleur en testant différentes techniques. Je vous en dirai plus dans la suite  du défi quand j’aurai eu le temps de pratiquer plus régulièrement. 

Bilan et suite 

Cette première semaine a été bien remplie. J’ai pu tester de nouveaux sujets de dessin en prenant pour la plupart des espèces faciles à observer près de chez soi. J’ai aussi pris cette habitude de dessiner quotidiennement sans avoir peur de la page blanche.

Pendant cette semaine j’ai fait beaucoup d’erreurs qui m’on pris parfois beaucoup de temps mais j’ai appris en parallèle de nombreuses choses qui me permettront d’aller plus vite dans mes prochains dessins. Avec ce temps en plus j’espère pouvoir me concentrer davantage sur les détails pour faire des dessins un peu plus réalistes. 

Pour la semaine qui vient je me concentrerai sur ce point : représenter des surfaces : poils, plumes, écailles, peau, écorces, … pour gagner en réalisme.

Sans pouvoir tout faire je vais essayer de varier suffisamment ces modèles pour pouvoir appliquer tout ça à différentes petites bêtes et plantes.

Enfin je continuerai à travailler la couleur pour être plus à l’aise et pouvoir l’appliquer à mon dessin final.

Matériel et ressources utilisés cette semaine : 

  • Crayons : 4H, 2H, HB, 2B, 4B
  • Pinceaux à aquarelle : moyen et fins
  • Stylo gel blanc
  • Feutre Uni sign pen noir
  • Gomme et crayon gomme 
  • Feuille à dessin 
  • Peinture Winson et Newton (noir, bleu, rouge et jaune)
  • Feuilles à aquarelle “Canson XL” (300g/m²)
  • Livres : Le dessin pour les nuls, Brenda Hoddinott ; Dessiner grâce au cerveau droit, Betty Edwards
  • Cours en ligne : “Techniques artistiques d’aquarelle pour illustrer les oiseaux” de Sarah Stokes (plateforme en ligne Domestika)

Pour le matériel je vous ai indiqué les références pour que vous puissiez les retrouver facilement mais d’autres marques peuvent très bien faire l’affaire.

Ressources :

(1) EDWARDS, B. Dessiner grâce au cerveau droit (4e édition): Une méthode imparable pour s’initier à la pratique du dessin, 4e édition.; Mardaga éditions: Wavre (Belgique), 2014.

Si vous souhaitez des détails sur le matériel ou que vous avez une question ou une remarque sur cet article, dîtes-le moi en commentaire ! J’y répondrai avec plaisir 🙂

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