Comment dessiner le Renard ? Animal compliqué, il fait partie de ces espèces qui font beaucoup parler. Symbole de la vie sauvage pour certains, « nuisible » pour d’autres, il ne laisse personne indifférent.
Dans cet article, je vous propose d’en apprendre plus sur cette espèce, comment l’observer et comment la dessiner pas à pas en quelques étapes.
Une espèce qui fait débat
Si la cohabitation n’est pas toujours facile, cette espèce fait partie de nos écosystèmes et participe à leurs équilibres.
Même si on se place uniquement du point de vue humain, elle nous rend pourtant de nombreux services (pour la santé et l’agriculture par exemple).
Tout ça se retrouve dans la culture où son image est assez ambigüe : intelligent et manipulateur dans les fables de la Fontaine, justicier qui utilise son intelligence et sa ruse pour Zorro (qui signifie « renard » en espagnol), créature maléfique en Chine (parfois bénéfique aussi) ou en Corée, …
Comment observer le Renard roux ?
Carte d’identité
Le Renard roux mesure en général entre 60 et 90 cm de long (sans compter la queue qui peut mesurer entre 40 et 60 cm) et 35 à 50 cm de haut (hauteur au garrot).
A l’état sauvage, sa durée de vie est d’environ 3 à 4 ans
On le retrouve un peu partout : Amérique du nord, Europe, Asie, Afrique du nord et Australie, aussi bien en ville qu’en milieu rural.
Il peut se rencontrer dans les forêts, les prairies, les champs et même à la montagne !
Rythme de vie et observation
Avant de vous donner quelques conseils pour l’observer, voici un petit rappel essentiel :
L’observation doit toujours se faire dans le respect, évitez donc d’approcher trop près et de le déranger. Ces précautions sont encore plus importantes pendant la période d’élevage des jeunes, période cruciale de l’année 🙂.
Où l’observer ?
On l’observe plus fréquemment dans des zones boisées, des prairies récemment fauchées ou même en milieu urbain.
Il fréquente alors plutôt les périphéries des villes, les parcs urbains, les cimetières et terrains vagues.
On peut aussi l’observer proche de son terrier, qui est souvent situé dans des bosquets et protégés par des herbes et arbustes.
Quand l’observer ?
Deux périodes principales sont plus favorables :
- Février : en pleine période de reproduction, les renards sont alors plus actifs et plus facilement visibles.
- Juin : les renardeaux commencent à explorer leur environnement et peuvent être observés (à distance et sans dérangement bien-sûr 😉). Les femelles sont aussi plus actives puisqu’elles cherchent de la nourriture pour élever les petits. On peut les observer plus facilement dans les champs fauchés par exemple, idéals pour chercher des rongeurs.
Niveau horaires, les renards sont principalement nocturnes, il vaut donc mieux être un couche tard ou un lève tôt pour les voir 😉. Leur activité de chasse s’étend environ de 23h à 4h du matin mais ils peuvent être actif un peu plus tôt au crépuscule ou bien tôt le matin, à l’aube.
Bon, une fois que l’on a le milieu où les observer, la période de l’année et l’horaire, comment augmenter ses chances de voir le bout de leur museau ?
Voyons ça tout de suite.
Applications
Pour faire quelques observations plus facilement, la technologie est bien utile.
Certaines applications peuvent beaucoup vous aider (je vous en dis un peu plus dans cet article). Le site « Faune-France« , décliné par région (« Faune-[votre région]), permet de voir les observations réalisées par d’autres personnes proches de chez soi. Si un renard a été observé et que l’observation est référencée sur le site, vous pourrez obtenir la localisation approximative et augmenter énormément vos chances.
Vous pouvez par exemple surveiller le site plus particulièrement en Février et en Juin.
Le site a été décliné en application, « Naturalist », qui vous permet également de voir les observations réalisées proche d’où vous êtes.
Repérer les indices de présence
Pour augmenter encore un peu plus vos chances de faire de belles observations, il va falloir jouer au pisteur pour repérer les zones de passage 🙂.
Voici quelques indices de présence :
- « Coulées » : ce sont de petits sentiers créés par les mammifères à force de passages répétés aux mêmes endroits. On les repère au fait que les herbes sont couchées.
- Empreintes : elles ressemblent à celle d’un chien à la différence que les 4 griffes sont orientées vers l’avant (plus d’infos ici)
- Crottes laissées en évidence pour marquer le territoire
- Il peut y avoir des restes de repas ou des plumes
- La terre peut être creusée ou retournée
Empreinte de renard (4,5 cm de haut)
Empreinte de chien
Vous avez repéré un ou plusieurs de ces indices de présence ? Bingo, il y a sûrement un renard dans le coin !
Technique d’observation
Une fois que l’on en est là, la technique repose sur 2 choses : discrétion et patience.
Il s’agit de faire un « affût », c’est-à-dire se poser à un endroit où vous avez de bonnes chances d’observer un renard (indices de présences), au bon moment et … attendre, en se faisant discret.
Choisissez le bon moment de l’année et le bon moment de la journée et vous aurez un maximum de chances de faire une belle observation.
Si vous voyez un renard, restez à distance pour ne pas l’effrayer ou le déranger et profitez de ce beau moment 😉.
Un peu de matériel peut vous aider pour ça, voyons ça tout de suite.
Un peu d’équipement utile
Pour commencer, voici un équipement qui peut tout changer dans vos observations nature : une bonne paire de jumelles.
Vous pouvez trouver des conseils dans cet article assez détaillé. Ces conseils sont plutôt pour une paire de jumelles pour observer les oiseaux mais ils peuvent aussi s’appliquer dans le cas des mammifères.
Il faudra juste faire attention à ce qu’elles permettent de faire des observations dans des conditions de faible luminosité.
Je vous conseille principalement deux marques pour leur rapport qualité-prix (d’autres sont très bien aussi 🙂) : Bushnell en entrée de gamme et Kite en entrée – milieu de gamme.
Il existe également des jumelles à vision nocturne, je n’ai jamais essayé mais ça peut être une bonne idée si elles sont de qualité et permettent de faire de bonnes observations de jours aussi.
Les « pièges photo » sont souvent utilisés en pistage animalier ou pour faire des suivis écologiques. C’est aussi une bonne manière d’observer les animaux sans les déranger ou bien de vérifier la présence d’un renard à un endroit avant de faire votre affût.
Vous pouvez retrouver un article assez complet sur le sujet ici.
Enfin, si vous aimez la photo et souhaitez cultiver cette passion, vous pouvez investir dans un bon appareil photo adapté à la photo animalière. C’est un sacré budget par contre mais c’est vrai que cette activité est très complémentaire de l’observation nature et même du dessin.
Vous pouvez en savoir plus sur l’observation (et la photographie) du renard ici.
Et maintenant, place au dessin 🙂
Jumelles (Talpa, Pixabay)
Piège-photo (Timothy A. Gonsalves, Wikimedia)
Dessiner le Renard roux
Sur le terrain
Ce n’est pas quelque chose de très facile … mais c’est faisable !
L’approche la plus accessible est sans doute de prendre le renard en photo puis de dessiner à partir de cette photo.
Si vous aimez les challenges, vous pouvez aussi essayer de dessiner sur le vif. Pour ça, la première chose est d’avoir une bonne compréhension de l’anatomie du renard pour pouvoir le dessiner plus facilement et rapidement.
Voici un petit schéma
Squellette d’un renard (Michel Coutureau (Inrap), Céline Bemilli (MNHN))
C’est intéressant aussi de vous entraîner à le dessiner dans différentes postures et sous différents points de vue pour vous entraîner à bien le visualiser dans l’espace. Vous pouvez par exemple vous amuser à faire tourner le modèle ci-dessous et le dessiner à chaque fois d’un point de vue différent.
Vous pouvez retrouver d’autres modèles 3D sur Sketchfab 😉
Enfin, entraînez-vous à faire des croquis chronométrés. L’essentiel est de vous concentrer sur la silhouette globale et sur les proportions. Le pas à pas qui suit peut vous aider pour capturer rapidement ces informations.
Prenez donc plusieurs photos de renards prises sur le net, prenez un chronomètre et laissez vous de moins en moins de temps pour le dessiner (5 minutes, 4 minutes, 3 minutes, 2 minutes, 1 minutes, …). Prenez bien le temps d’observer votre modèle avant de lancer le chrono et de démarrer le dessin. Le résultat ne sera pas incroyable mais le but est simplement d’apprendre à saisir la silhouette globale et les proportions rapidement.
Le dessin sur le vif est quelque chose d’assez compliqué qui demande pas mal de pratique.
Je vous propose de voir tout de suite, pas à pas, comment dessiner à partir d’un modèle qui ne bouge pas 🙂.
Dessin étape par étape
Pour ce pas à pas nous allons procéder en 2 parties :
- 1. Tracer les « traits de construction »
- 2. Faire le dessin précis
Les traits de construction sont des traits légers, rapides et faciles à corriger, qui sont utilisés pour marquer les formes et les proportions. On utilise donc des formes simplifiées sans s’occuper des détails.
Les contours précis et les détails sont ajoutés dans un deuxième temps, en s’appuyant sur ces traits de construction.
Une dernière notion va être utilisée pour ce pas à pas, il s’agit des « espaces négatifs« . Ce sont les formes à l’extérieur des contours externes de votre dessin. Dessiner ces formes plutôt que vous concentrer sur votre modèle vous facilitera énormément la tâche. Nous allons voir tout ça tout de suite 🙂.
Traits de construction
- 1. La première étape est de tracer la ligne du dos. Elle permet de marquer la posture du renard.
- 2. Vous pouvez ensuite dessiner un cadre fait de 2 rectangles qui serviront à marquer les proportions du corps. Il vous permettra de noter la hauteur des pattes, la hauteur et la longueur du corps. Vous pouvez prendre un point de repère sur votre modèle comme la longueur d’une patte, et vous en servir pour mesurer le corps (combien de fois mesure le corps par rapport à la patte ?) puis vous servir de ces mesures pour tracer votre cadre.
- 3. Tracez ensuite un simple cercle pour placer la tête et des traits pour marquer l’emplacement et la longueur des pattes.
- 4. C’est à cette étape que vous allez avoir besoin des espaces négatifs. Toujours de manière grossière, marquez les contours principaux, là où les traits changent de direction. Pour ça, essayez de visualiser et de dessiner les formes qui sont à l’extérieur des contours du modèle (hachurées ici). Peut-être qu’il faudra ajuster certains traits. De mon côté, en essayant de dessiner la forme entre les pattes, j’ai vu que je ne les avais pas bien placées. Dans l’exemple j’ai dessiné tous les contours mais il n’y a pas forcément besoin d’aller si loin à cette étape. Pour savoir où placer vos traits vous pouvez aussi prendre des points de référence. Ici par exemple, le bord gauche de la patte la plus à gauche du dessin est aligné avec le bord droit de l’oreille droite; le bord droit de la patte la plus à droite du dessin et aligné avec l’arrière du corps, …
- 5. Placez ensuite les masses musculaires qui se distinguent sous les poils. Elles vous aideront ensuite à placer vos traits pour que votre renard ait l’air moins plat. Vous pouvez aussi tracer une croix pour placer les yeux du renard. Ils se trouvent au milieu de la tête.
Ça y est, le plus gros du dessin est fait ! 🙂 Avant de passer aux traits plus précis, vérifiez bien les proportions et ajustez vos traits de construction si besoin.
1. Ligne du dos
3. Quelques traits pour la tête et les pattes
2. Une petite boîte pour les proportions
4. Contours et espaces négatifs
5. Placer les masses
Le dessin
- 1. C’est le moment de tracer les contours ! Le renard n’est pas le mammifère le plus facile puisqu’il a des poils longs. Évitez donc de tracer des contours continus partout et n’appuyez pas trop sur votre crayon.
- 2. On pourrait presque s’arrêter là. Vous pouvez très bien ajouter quelques détails, au niveau de la tête par exemple, ajouter quelques contours au milieu du corps pour marquer la forme des pattes sous le pelage et vous arrêter ici. Si vous voulez ajouter de la couleur avec des crayons, de l’aquarelle ou autre, c’est le moment 🙂. Pour continuer au crayon graphite, j’ai marqué différentes zones de valeurs différentes, d’où cet aspect un peu bizarre.
- 3. En définissant 4 niveaux de gris par exemple, vous pouvez dessiner le pelage. Il faudra faire attention à la direction des poils pour la respecter et aussi à leur longueurs. Pour vous faciliter le travail, commencez par les zones les plus foncées qui pourront vous servir de point de repère. C’est assez compliqué et on est plus sur un résultat entre le croquis et le dessin finalisé ici.
6. C’est parti pour les contours !
7. Placer les zones de valeurs
8. Et les dessiner
Et voilà, votre renard est fini !
Ce qui est bien, c’est que vous pouvez reprendre exactement les mêmes étapes pour dessiner n’importe quel mammifère 😉.
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire : détailler comment dessiner les poils, comment ajouter de la couleur, …
Ce sont des choses que je continue de travailler, je ne suis pas complètement au point pour le moment mais je compte bien faire des articles pour en parler. Restez attentifs donc si ces sujets vous intéressent 😉.
Conclusion
Symbole de ruse, d’intelligence, de liberté, le renard a une place centrale dans nos cultures et nos écosystèmes. Parfois embêtant, c’est pourtant un allié important pour notre santé et pour notre agriculture en maintenant un équilibre. Prédateur, il évite un trop grand nombre de micromammifères qui peuvent causer des dégâts aux cultures ou être le relais de tiques.
Une meilleure cohabitation avec cette espèce passe par une meilleure connaissance de celle-ci. Nous avons vu rapidement quel est son mode de vie et comment faire de belles observations sans le déranger.
Enfin, j’espère que le pas à pas proposé vous a permis de le dessiner plus facilement. Cette approche étape par étape qui commence par des traits de construction devrait vous faciliter beaucoup la tâche 🙂.
Si vous avez des questions, des remarques ou partages, rendez-vous dans l’espace commentaires, j’y répondrai avec plaisir ! 🙂
Ressources
– Laws, J. M. The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling; Heyday Books: Berkeley, California, 2016.
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Quel bel article. Merci…J’ai des renards au jardin, j’ai aussi des chasseurs autour, donc peu de renards en fait. Ils limitent les rats taupiers chez-moi, ce que j’apprécie beaucoup. Et ils ne touchent pas aux poules (je touche du bois) car j’ai pris quelques précautions.
J’adore aussi la peinture, mais bizarrement, je ne sais pas dessiner. Pour peindre un renard, je peux le faire directement avec des pinceaux, mais pas avec un crayon. Vous y comprenez quelque chose ?
Allez, je vais essayer d’en apprivoiser un.
Merci pour ce commentaire Corinne. Quand on apprend à mieux les connaître et avec quelques précautions, la cohabitation peut effectivement très bien se passer (et ce n’est pas vrai qu’avec pour le renard :). Tout dépend de la technique et du style de peinture je pense. Avoir appris à dessiner peut beaucoup aider à peindre mais ça reste 2 pratiques différentes qui ne font pas tout à fait appelle aux même choses. Après, l’important est de se faire plaisir donc si vous arrivez à peindre directement sans passer par le dessin tant mieux ;). Et le dessin peut s’apprendre dans tous les cas, ça demande juste de travailler d’autres choses. En sachant peindre vous avez déjà de très bonnes bases je pense pour vous mettre au dessin si ça vous intéresse.
N’hésitez pas si vous avez des questions 🙂