Temps de lecture : 9 minutes

Comment booster votre créativité, éviter de vous ennuyer en dessin et prendre du plaisir à pratiquer ?

La solution que je vous propose de voir, et qui est vraiment importante je trouve, est de varier les techniques.

Cette approche vous permettra une grande liberté créative, vous pourrez mélanger les rendus, varier les styles, …

S’essayer à d’autres outils de dessins peut aussi vous permettre de découvrir une technique pour laquelle vous aurez un vrai coup de cœur.

Quand on apprend le dessin, ce n’est pas forcément évident de se lancer dans des techniques comme le feutre ou le bic.

Tester une nouvelle approche quand on commence à maîtriser un peu une technique est aussi assez inconfortable puisque ça demande de repasser par une phase d’apprentissage où les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous …

Dans cet article, nous allons voir les principaux obstacles qui nous empêchent de tester de nouvelles approches, comment les dépasser, et enfin l’essentiel pour progresser en variant les techniques pratiquées.

C’est parti !
Bonne lecture !

Comment varier les techniques : obstacles et solutions

Les obstacles

La zone de confort et l’acquisition d’une nouvelle compétence

Pendant assez longtemps je me suis concentré uniquement sur le crayon graphite.

D’autres techniques me tentaient mais je suis resté uniquement là-dessus.

Plus je pratiquais, plus les résultats étaient sympas et plus je prenais du plaisir au dessin.
Bon, dis comme ça, vous allez sûrement me dire que ce n’est pas vraiment un problème …

En fait, le souci est que le dessin au crayon est devenu confortable.

C’est devenu alors difficile de s’en éloigner, de tenter autre chose qui me faisait envie, puisque évidemment, les résultats seraient beaucoup moins bons …

Ça demande de repasser par cette phase où on ne sait pas, où il faut beaucoup d’efforts pour peu de résultats

Bref, c’est assez décourageant quand à côté de ça on sait faire bien mieux et plus facilement avec une autre technique.

Graphique de la progression en dessin en fonction de la pratique

Acquérir une nouvelle compétence demande du temps et de la pratique1

La progression en dessin se fait par paliers en quelques sortes.

La pratique n’a pas toujours l’air de permettre de nous améliorer mais c’est elle qui permet de faire des découvertes, de comprendre comment représenter tel détail, ou de mieux observer.

La progression se fait donc par une suite de temps de pratique, de paliers de frustrations et de déblocages.

Comparaison et perfectionnisme

Plusieurs choses peuvent accentuer encore cette difficulté à essayer de nouvelles techniques :

  • Comme on vient de le voir, avoir de beaux résultats et se retrouver d’un coup avec un résultat qui ne suis pas du tout quand on change de technique,
  • Se comparer à des personnes qui pratiquent depuis longtemps,
  • Le perfectionnisme.

S’inspirer d’autres personnes, via les réseaux sociaux par exemple, peut être une très bonne idée … ou au contraire amener à se comparer et se décourager complètement.

Nous allons le voir un peu plus en détail juste après, c’est normal de ne pas avoir de résultats incroyables quand on démarre.

Une compétence demande de la pratique et du temps pour se développer, et le dessin ne fait pas exception (pour en savoir plus sur l’idée courante de « don du dessin », vous pouvez faire un tour sur cet article 😉).

Si vous êtes actif sur les réseaux, il peut aussi avoir le risque de finir par s’enfermer dans un style puisque ça nous différencie, c’est ce qui nous rend reconnaissable.

C’est très bien pour se différencier effectivement en tant qu’artiste pro, mais en tant que non professionnel, ça limite énormément la liberté créative qu’on peut avoir et le plaisir de dessiner.

Et le perfectionnisme alors ?
Il pose 4 principaux problèmes en dessin2:

  • 1. Il fait voir les choses en noir et blanc : soit c’est 100% réussi, soit c’est complétement raté. Soit je fais ce que je sais faire et c’est réussi, soit je tente quelque chose de nouveau et c’est raté …
  • 2. Refuser l’échec : ne pas voir l’erreur comme une possibilité d’apprentissage. Elle est pourtant au centre de la démarche pour acquérir une nouvelle compétence,
  • 3. Ne pas reconnaître les réussites, les minimiser énormément ou dire que c’est un coup de chance,
  • 4. Penser que l’autocritique sévère va permettre d’avancer. Au lieu d’aider, les exigences fortes nous font plutôt abandonner.
Mais il y a des solutions pour sortir de cette zone de confort, du perfectionnisme et ne plus se comparer !

Dans la prochaine partie, nous allons voir comment passer ces obstacles avec des conseils pratiques pour tester de nouvelles techniques de dessin et progresser.

Feuille blanche dans un carnet

Comment dépasser les obstalces et surmonter la page blanche ? (Dulce Espinoza, Pexels)

Les solutions

Comment lâcher le perfectionnisme

Le perfectionnisme est très lié à un « état d’esprit figé », par opposition à un « état d’esprit de croissance », nécessaire à l’apprentissage.

Pour comprendre cette idée, faisons un petit détour par le fonctionnement de l’apprentissage.

Le cerveau change sans arrêt, à n’importe quel âge : c’est la « neuroplasticité« 3.

Un nouvel apprentissage, une nouvelle compétence acquise, et de nouvelles connexions se font.

Si on ne maîtrise pas une compétence c’est parce que ces connexions n’existent pas encore.

D’accord, mais comment créer ces fameuses connexions ?

Par la pratique tout simplement.

Avec cette idée en tête, on voit bien qu’on ne peut pas avoir de résultats incroyables quand on démarre.

Ça a du sens de s’inspirer d’autres artistes pour découvrir des astuces et des solutions mais certainement pas pour se comparer puisque ces artistes pratiquent leur art depuis très longtemps.

La « théorie des 10 000 heures » de Malcom Gladwell, journaliste et écrivain4, va aussi dans ce sens.

Elle relie la compétence à la pratique en disant que n’importe qui peut devenir excellent dans un domaine s’il le pratique pendant 10 000 heures.

C’est peut être un peu caricatural (tout dépend de la manière de pratiquer bien-sûr) mais ça montre bien que la compétence vient de la pratique.

C’est aussi l’idée de « pencil miles » / « kilomètres de crayon » de John Muir Laws, un auteur, artiste et naturaliste américain : à chaque fois que l’on dessine, on fait des « kilomètres de crayon » et on s’améliore.

En ayant le bon état d’esprit, en faisant les bons exercices, en pratiquant régulièrement et en travaillant les bases, vous vous améliorerez forcément dans la technique pratiquée 🙂.

Voici un petit résumé des différences entre l’état d’esprit de croissance et l’état d’esprit figé.

Tableau comparatif état d'esprit figé et état d'esprit de croissance

On passe facilement d’un état à l’autre et il faut bien être attentif à ça pour ne pas se décourager.

Un bon moyen de garder cette approche en tête est de garder vos dessins et de les dater pour avoir une trace de votre progression.

Si vous vous sentez parfois un peu découragé, vous aurez alors un rappel à portée de main que la compétence se développe avec la pratique.

Ça permet d’éviter de ne voir que ce qui ne va pas dans ses dessins en oubliant d’où on est parti 🙂.

Chemin en forêt

Regarder le chemin parcouru permet de rester motivé (Anton Atanasov, Pexels)

Les essentiels pour progresser et varier les techniques de dessin

Travailler les bases du dessin

Travailler les bases du dessin est vraiment un bon investissement en temps puisque vous vous améliorerez sur toutes les techniques en même temps.

Chaque média utilisé fait appel à un même ensemble de compétences.
Travailler ces compétences est donc une très bonne idée pour progresser efficacement.

Il y aura bien-sûr des techniques spécifiques au média que vous aurez choisi mais les compétences de base du dessin resteront incontournables.

Il s’agit des formes, des proportions, des espaces négatifs, de l’observation.

Procéder par étape en utilisant des traits de construction a aussi tout changé pour moi pour dessiner plus facilement et rapidement.
Je vous conseille vraiment d’utiliser ce type d’approche.

Pour en savoir plus sur ces bases du dessin, vous pouvez vous rendre sur cette page.

Vous y trouverez ces notions plus détaillées dans des articles spécifiques et des exercices pratiques.

Les techniques incontournables en dessin

Pour se lancer et progresser en dessin et en dessin nature, il y a deux techniques que je trouve assez incontournables : le crayon graphite et le feutre / stylo.

Le crayon : un outil essentiel pour progresser

Le classique crayon graphite ou « crayon à papier » présente pas mal d’avantages, et a quelques limites.

Il permet de travailler beaucoup de choses : les valeurs, les textures, les formes, les proportions, une approche construite du dessin, …

Tout ça, sans se mettre de pression puisque l’on peut toujours effacer ses traits et recommencer.

Pour débuter, c’est vraiment important je trouve de ne pas avoir cette pression, cette peur de rater et de ne pas pouvoir recommencer.

Si cette peur vous bloque, vous ne dessinerez pas, et, on l’a vu, c’est pourtant le point le plus important pour progresser.

Avoir la gomme comme filet de sécurité peut donc permettre de se lancer plus facilement.

L’avantage du crayon est aussi ce qui est son principal défaut.

Comme on peut effacer, on peut facilement devenir perfectionniste, passer son temps à effacer, recommencer et finalement, mettre beaucoup de temps à faire un dessin.

En dessin nature, ça peut être un problème puisqu’il vaut mieux parfois pouvoir être assez rapide …

Le feutre ou le stylo permettent de contrer un peu ce problème.

Le Feutre et le stylo bic : dessiner plus vite et avec confiance

Comme on ne peut pas effacer les traits avec ces outils, je ne vous conseille pas forcément de ne faire que ça.
Sans avoir travaillé les bases, le résultat peut être très frustrant et assez décourageant.

La contrainte de ne pas pouvoir effacer est aussi un énorme avantage.

Elle vous obligera à avoir des traits engagés, confiants, et à lâcher le perfectionnisme puisque vous devrez faire avec les petites erreurs.

Ça risque d’être assez frustrant au départ, mais au fur et à mesure, cela vous permettra d’être bien plus rapide en dessin en général puisque vous ne repasserez pas 5 fois sur un trait mais pourrez le tracer avec confiance directement.

Feutre et dessin nature rapide

En dessin nature, c’est vraiment important de pouvoir être rapide.

Déjà, ça vous permettra de dessiner beaucoup plus régulièrement, ce qui est plutôt pas mal 🙂.

Si vous avez besoin de beaucoup de temps pour faire un dessin, et que vous rencontrez une plante ou un animal en balade, le risque est de ne pas prendre ce temps.

La seule idée que ça va vous demander de vous poser pendant très longtemps pour faire un dessin peut vous décourager à sortir votre carnet et votre crayon …

C’est en tout cas ce qui m’est arrivé très souvent.

Vous risquez donc de continuer votre balade sans avoir pris en note cette observation.

Vous vous privez alors de pas mal de découvertes potentielles et de souvenirs de rencontres nature.

Si vous voulez dessinez des animaux en extérieur, être rapide est encore plus important pour avoir le temps de capturer des postures, des détails, avant que l’animal ne file.

Faire des dessins rapides en extérieur, permet de passer plus de temps à observer, varier les points de vue, multiplier les petits dessins de détails ou de vues plus globales, et finalement faire plus de découvertes.

Le feutre ou le stylo peuvent aussi donner des rendus très sympas si vous les associez à d’autres techniques comme l’aquarelle.

Pour voir ce que ça peut donner pour du dessin en extérieur, vous pouvez aller voir le travail d’artistes comme Jean MacKay, John Muir Laws, Kate Rutter ou Mattias Lanas  par exemple.

Conseils pratiques pour démarrer et progresser :

Voici un résumé des conseils pratiques que nous avons vus :
  • Dessiner régulièrement au stylo bic ou au feutre
  • Pratiquer tous les jours, même 5 minutes uniquement, en faisant de petits dessins chronométrés par exemple (de 1 à 3 minutes par dessin par exemple).
  • Tester régulièrement de nouvelles techniques qui vous intéressent, avec une approche de curiosité, de créativité et un état d’esprit d’apprentissage / de croissance.
  • Et le plus important, amusez-vous dans votre pratique, expérimentez, faites-vous plaisir et ne prenez pas le dessin trop au sérieux.

Conclusion

Expérimenter de nouvelles techniques régulièrement est une très belle occasion de ne pas rester figé dans votre pratique.

Vous pourrez développer votre créativité, votre style et peut-être découvrir une technique qui sera un vrai coup de cœur.

La curiosité, le plaisir, la régularité et travailler les bases seront vos meilleurs alliés pour ça.

J’espère que vous avez trouvé de bons conseils pour tester de nouvelles approches et vous faire plaisir en dessin.

Si vous n’êtes pas familier avec les bases que nous avons vu, je vous conseille de jeter un œil à tout ça (juste ici) et d’essayer un exercice comme le dessin en contours aveugles.

Pour passer à l’action, vous pouvez aussi essayer le dessin au stylo bic.

Enfin, rendez-vous dans l’espace commentaires juste en dessous si vous avez des questions, partages ou retours d’expérience, j’y répondrai avec plaisir 🙂 !

Bons dessins, bonnes explorations et à très vite !

Ressources

  • (1) Laws, J. M. The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling; Heyday Books: Berkeley, California, 2016. 
  • (2) Cours en ligne, Avoir confiance en soi, Fabrice Midal, décembre 2022

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