Temps de lecture : 17 minutes

Nous sommes en janvier, il est 10h. J’embarque mes crayons et un carnet pour mon premier jour de dessin sur le terrain.  

Dans cet article, vous allez retrouver un retour d’expérience de cette sortie avec les difficultés rencontrées et les solutions que j’ai trouvées. Le but est que ce soit très concret et que cet article réponde aux difficultés que vous pouvez rencontrer en vous lançant dans le dessin sur le terrain.  

Quand on débute, il peut y avoir pas mal de doutes et de questions. C’est ce qui a fait que j’ai mis un petit moment avant de sauter le pas …  

Forcément, une bonne partie de ces difficultés ont pointé leur nez pendant cette première sortie, je vais donc y revenir 🙂. Nous verrons aussi quelles sont les compétences à travailler pour réussir à dessiner plus facilement les plantes et les animaux en extérieur. 

J’ai choisi de partir sur une balade que je connais bien, et où je sais que niveau nature et biodiversité il y a de quoi faire. C’est un circuit proche de chez moi, en Normandie : “Le Marais de Saint-Wandrille”. 

Savoir dessiner rapidement et facilement ce qui est observé permet d’apprendre à être plus curieux, à mieux observer et à retenir ses découvertes nature

Si tout ça vous parle, je vous propose de me suivre, chaussures aux pieds et crayon à la main, pour découvrir la biodiversité de ce site 😉. 

Avant de partir sur le terrain il y a besoin d’un minimum d’organisation. Dans cette partie, nous allons voir quel matériel prendre et où se rendre pour dessiner la nature. 

Le matériel pour dessiner sur le terrain 

Comme je dessine essentiellement au graphite, j’ai fait simple pour ce premier essai. Tout dépend donc de la technique que vous utilisez et que vous préférez. 

De mon côté, j’ai rassemblé tous mes outils avec un élastique : 2 portes-mine 0.5mm (un avec une mine 4H et un avec une mine 2B), un crayon “Non-photo blue pencil”, un crayon-gomme “Tombow mono-zero”, et une gomme classique. 

C’est vraiment un kit très minimaliste, je rajouterai ou j’enlèverai surement des outils après quelques essais. 

Un kit minimaliste vous permettra de gagner un temps précieux

  • Au moment de rassembler vos outils pour partir sur le terrain.
  • Sur le terrain : vous n’aurez pas à fouiller parmi 50 crayons avant de trouver le bon. 

Je réfléchis encore à acheter ce matériel en double pour avoir un kit pour dessiner chez moi et un kit tout prêt à emmener sur le terrain. 

J’ai trouvé pratique d’avoir les outils de dessin toujours à portée de main en les glissant dans une poche basse d’un pantalon de rando. 

Pour le support, je suis parti sur un carnet de dessin au format livret A4. Avec ce type de support, vous aurez moins de risques de transfert du graphite d’une page à l’autre par rapport à un carnet spirale.

Pour les dessins qui craignent le plus (fait avec un crayon plus gras comme un 2B, 4B ou plus) il est possible d’appliquer un peu de fixatif en bombe une fois revenu du terrain (attention à ne pas trop en mettre sinon la page risque de devenir transparente). 

Autre avantage : vous serez sûr de garder une trace de tous vos dessins, même ceux que vous trouverez un peu moins bons. Un carnet à dessin que vous emmenez sur le terrain vous sert aussi de support pour vos observations, ce sont donc vos souvenirs qui y sont stockés. Avec un carnet à spirale vous pourriez être tenté d’arracher les pages avec les dessins moins réussis, ce qui effacerait en même temps le support de ces souvenirs. Ce serait quand même dommage. 

Je me suis aussi rendu compte après coup qu’un peu de matériel en plus n’aurait pas été en trop : un marque-page, une paire de jumelles pour les oiseaux et quelque chose pour bloquer les pages une fois le carnet ouvert pour dessiner (une pince par exemple). 

Bon, plus qu’à glisser tout ça dans un sac, ajouter une gourde et c’est parti ! 

D’ailleurs, on va où déjà ? …

Je vous propose de voir comment choisir le lieu de sa sortie tout de suite.

Carnet et crayons et gomme pour le terrain

Pour une première, un kit très minimaliste est bien suffisant ! 

Choix du site

J’ai choisi un lieu que je connais bien et où je sais qu’il y a pas mal de choses à observer. C’est un site géré par un Parc naturel régional (pour les curieux, vous pouvez avoir plus d’informations ici 😉). 

Niveau nature et biodiversité, certains endroits sont réputés et bien répertoriés : vous pouvez par exemple regarder du côté de sites gérés et références par des Parcs naturels régionaux ou nationaux, des Conservatoires d’espaces naturels ou des Conservatoire du littoral. D’autres espaces bien référencés existent comme les “Espaces naturels sensibles” ou encore les “Znieff” (à vos souhaits ! Vous trouverez plus d’informations sur cet acronyme ici 😉). 

Il y a de nombreuses occasions de dessiner le vivant, pas besoin d’être dans un espace reconnu comme remarquable ! Un jardin, un parc en ville, une balade en forêt sont autant d’occasions de sortir son crayon et d’observer la nature plus attentivement 😉.

Si vous souhaitez observer et dessiner une espèce en particulier, renseignez-vous avant sur celle-ci, son mode de vie, son habitat, et allez voir du côté des espaces cités au paragraphe précédent. Ces espaces sont pour la plupart suivis et il est possible de savoir les espèces qui y sont présentes. 

Vous pouvez aussi regarder du côté de bases de données naturalistes. Au niveau national, la référence est la base de l’INPN. D’autres sont mises à jour plus régulièrement comme celle de la LPO (“Faune-France”) qui est déclinée par région (“Faune-”nom de la région””). Il y a encore d’autres bases de données qui sont parfois plus localisées et qui sont gérées par différentes structures (Associations naturalistes, Agence régionale de la biodiversité, etc). Avec une petite recherche sur Google en tapant “base de donnée naturaliste” suivi du nom de votre région ou département vous devriez  trouver ça rapidement. 

Cette fois c’est bon : les outils de dessins sont rassemblés, le site est choisi, il n’y a donc plus qu’à se lancer ! C’est parti pour une balade orientée nature et dessin. 

Sur le terrain

Dessiner sur le terrain peut être un peu compliqué et je n’avais pas tout anticipé … Dans cette partie, je vous propose de découvrir les difficultés typiques quand on dessine la nature en extérieur et quelles solutions existent

Le regard des autres / oser se lancer

Premier obstacle : le regard des autres. 

C’est plutôt une belle journée, les températures se réchauffent tranquillement. J’entame le chemin et après quelques dizaines de mètres je croise des petites fleurs blanches qui viennent de sortir : c’est les premières Perce-neiges. Elles fleurissent en plein milieu de l’hiver mais pour très peu de temps. Derrière, un groupe de 3 agents des espaces verts discutent. Pas facile de se poser pour dessiner … j’aurais l’air un peu bête avec mon carnet, à m’arrêter pendant un long moment devient 4 petites fleurs … 

En plus de sembler un peu bizarre, il y a eu une sorte de “syndrome de l’imposteur” (vous pouvez retrouver plus d’infos dans cette vidéo) j’ai l’impression. Quand on dessine dehors, s’il y a du monde, on est un peu obligé de s’afficher. Ça donne l’impression qu’on sait ce qu’on fait … même si ce n’est pas du tout le cas. 

On a tous ces images de peintres qui s’exercent en plein air ou de personnes qui font de superbes croquis.

En débutant et sans trop savoir ce que je faisais, je pense que ne me sentais pas vraiment légitime, je donnais une fausse image qui ne correspondait pas aux compétences que je m’attribuais. C’est souvent là que le syndrome de l’imposteur pointe son nez, quand l’image qu’on donne ou qu’on veut donner ne correspond pas à l’image qu’on a de soi et de ses compétences. 

Une fois lancé, les choses sont beaucoup plus simples mais pour commencer j’ai choisi de continuer mon chemin et de dessiner quand il n’y aurait plus personne. Je pense que c’est bien plus facile comme ça. Une fois plus à l’aise avec le fait de dessiner en extérieur pour l’avoir fait quelques fois ça devrait être beaucoup plus simple.

Une alternative serait de faire cette activité en groupe. Quand j’ai commencé à m’intéresser aux oiseaux, c’est vraiment ça qui m’a décoincé par rapport aux regard des autres. Quand on est un groupe de 10 à regarder un oiseau aux jumelles ça semble moins bizarre que quand on est seul. Petit à petit ça devient beaucoup plus simple de sortir ses jumelles sans prendre en compte le regard des autres qui ne compte plus vraiment. Je pense que la démarche est un peu la même avec le dessin. 

Vous pouvez donc faire cette activité avec un groupe d’amis par exemple ou dans le cadre d’une sortie organisée. C’est assez rare mais j’ai déjà vu des sorties axées nature et dessin organisées par des associations comme la LPO. N’hésitez donc pas à vous renseigner auprès d’associations naturalistes locales par exemple. 

Groupe de Perce-neiges en fleur

Quelques Perce-neiges (ilo, Pixabay)

Reprenons notre balade après ce petit détour.

Premières difficultés pratiques

Après quelques dizaines de mètres de plus, j’arrive au bord d’une petite rivière : la Rançon. Plusieurs petits arbres poussent, je les avaient souvent vu mais je n’avais jamais remarqué l’écorce mouchetée et les bourgeons violets et pleins de poils qui ressemblent à un duvet. J’ai bien envie de me souvenir de ça et je commence donc mon premier dessin. 

 Je sors mes affaires en retirant mon sac et en fouillant dedans … 
C’est vraiment pas pratique, je ne le ferai pas à chaque fois … 

Le temps d’enlever mon sac, de sortir mon carnet et de prendre un crayon, si je croise un oiseau que je veux dessiner il sera déjà parti depuis un petit moment.

Ça peut être un vrai frein pour dessiner pendant une balade. Si votre matériel n’est pas rapidement accessible, vous risquez de vous dire que ce n’est pas la peine de le sortir puisque ce que vous voulez dessiner sera partie avant … Ou ce sera plus tentant de continuer et de profiter de la balade plutôt que de s’arrêter, enlever votre sac, fouiller dedans pour sortir le matériel et commencer le dessin. 

Pour la suite de la balade j’ai donc décidé de garder mon carnet en main et les crayons dans une poche. 

Bon, je commence à dessiner et deuxième difficulté : le vent qui fait que mon carnet a tendance à se refermer sans arrêt. J’utilise mon téléphone pour bloquer la page qui se referme tout le temps mais ce n’est pas idéal … Une pince pourrait peut-être résoudre ce problème. 

Pour tenir le carnet, j’opte pour une approche conseillée dans le livre “The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling”1, de John Muir Laws : le carnet est posé sur l’avant bras qui ne dessine pas, ouvert et les pages sont tenues au milieu par la main qui ne dessine pas. 

Je commence à croquer rapidement ce petit arbre. Faire un dessin détaillé et précis peut prendre un peu de temps et peut demander de s’y reprendre plusieurs fois pour corriger les erreurs. Pour gagner du temps et ne pas changer d’outils de dessin, j’évite donc d’effacer mes traits. Je voulais surtout prendre en note les bourgeons violets que j’avais vu pour m’en souvenir, si chaque contour n’est pas tout à fait exact ce n’est pas très grave. 

Un dessin avec une vue large peut prendre du temps et ce sera plus long d’y ajouter des détails. Ça peut donc être intéressant de faire une vue zoomée de ce que vous souhaitez dessiner, pour prendre le temps de détailler ce que vous voulez retenir. Vous pouvez aussi faire un croquis rapide et détailler la partie qui vous intéresse le plus

L’idée est de vous concentrer uniquement sur ce que vous voulez représenter : une impression globale, des formes et silhouettes ou un détail en particulier qui a attiré votre attention. 

Comprendre la structure et l’organisation de ce qui est dessiné peut aussi vous faire gagner énormément de temps : une fois bien observée et bien comprise, votre regard fera moins d’aller retour entre la feuille et votre modèle. S’il y a un motif répété, vous pouvez le dessiner précisément une fois puis le reproduire sur le dessin plusieurs fois. 

Dessiner avec une intention précise fera que vous serez de plus en plus curieux et saurez quoi dessiner ! 

Croquis d'Aulne et annotations

Prise de note rapide pour se souvenir des bourgeons et de l’écorce

Bon, on est pas sur du grand art ! Je trouve que c’est important de mettre en avant ses débuts. Sur les réseaux sociaux, on ne voit que de magnifiques dessins de personnes qui pratiquent depuis longtemps. On ne voit pas par où ils sont passés et ça peut être décourageant quand on compare à ses propres résultats. 

Mémo conseils :

  • Un sac en bandoulière peut vous permettre d’avoir toujours vos outils de dessin à portée de main.
    • Le vent peut être un problème pour dessiner, une pince peut par exemple vous servir à bloquer les pages de votre carnet. 
    • Pour oser vous lancer, privilégiez les lieux ou les horaires où il y a peu de monde au début. Vous pouvez aussi dessiner en groupe. 
    • Pour gagner du temps dessinez avec une intention, en vous concentrant sur ce que vous voulez représenter : ce qui attire votre curiosité, ce que vous trouvez beau et dont vous voulez vous rappeler, etc.

    Savoir quoi dessiner : la curiosité

    Prêt à muscler votre curiosité ? Le dessin est parfait pour ça ! 

    J’ai remarqué que de simplement se mettre dans la démarche de se promener et de dessiner en extérieur fait qu’on se met dans une disposition qui rend naturellement plus curieux

    Pendant ma sortie, j’ai dû chercher quoi dessiner, ce que je trouvais intéressant, curieux ou juste ce qui m’a marqué ou touché pendant cette balade et que je voulais retenir. Ça fait se poser des questions, être plus attentif à l’environnement … 

    Tout ça sans forcer, ça se fait un peu tout seul. 

    Ça prend du temps de se poser et de dessiner, il faut donc choisir un sujet qui motive et qui attire notre attention. Comme vous chercherez des sujets de dessin, vous serez plus attentifs tout au long de votre balade et du coup vous verrez plus de choses

    C’est une approche complètement différente d’une balade faite le nez en l’air, ou un peu perdue dans ses pensées. En général, dans ce cas on ne se souvient pas de grand-chose. Ça peut arriver dans un trajet quotidien, d’être complètement dans sa tête et d’arriver à destination sans s’être rendu compte du trajet. La démarche de dessiner permet en quelque sorte de désactiver ce mode auto-pilote. 

    Pour revenir à notre petit arbre, j’ai fait encore quelques mètres pour me rendre compte sur un arbre plus grand qu’il y avait de petites repousses qui ressemblaient beaucoup à ce que j’avais dessiné : la même écorce et les mêmes bourgeons violets. Vu la tête des fruits, c’était un Aulne (ils aiment bien l’humidité des bords de cours d’eau). 

    Mon petit arbre mystère était donc un Aulne. Je suis passé devant des dizaines de fois et je n’ai jamais fait le lien. Si je n’avais pas pris le temps de le dessiner, je ne m’en serais peut-être jamais rendu compte …

    C’est une manière très concrète dont le dessin permet de découvrir la nature : il permet d’être plus curieux, de se souvenir et de faire des liens plus tard avec des choses que l’on connaît déjà

    Quelques mètres plus loin, des oiseaux faisaient des acrobaties pour se nourrir dans un arbre. C’est le moment de tenter quelques croquis rapides d’oiseaux. 

    Aulne

    Aulne … (W. Carter, Wikimedia)

    Fruit d'aulne

    … et ses fruits (Annette Meyer, Pixabay)

    Quelques idées de quoi dessiner dans la nature1 :

    • Quelque chose qui attire votre curiosité et qui vous interroge.
    • Quelque chose qui vous touche, que vous trouvez beau.
    • Partir sur un thème et constituer un ensemble de dessin sur ce thème pour un lieu précis : les plantes, les oiseaux, les insectes, les arbres à baies … 
    • Chaque plante et chaque animal sont différents en tant qu’individu (dû aux mues pendant l’année, à l’âge, le comportement est différent, …), vous pouvez donc aussi vous concentrer précisément sur ce que vous voyez
    • Faire une vue rapprochée et une vue générale d’une même espèce : la tête d’un oiseau pour un dessin, la silhouette pour le deuxième et l’oiseau en vol pour un troisième par exemple.
    • Faire 2 dessins côte à côte de deux espèces de plantes ou d’animaux pour noter les différences. 

    Une dernière chose à noter : la date et l’heure. En fonction de l’heure de la journée et la période de l’année la nature change. C’est une petite info rapide à noter mais précieuse pour mieux comprendre votre environnement. 

    Dessiner les oiseaux sur le vif : attention et pratique

    Je connais le chant de cet oiseau …

    Il picore les fruits qu’il trouve un peu comme le ferait une mésange : un coup il est droit, un coup il a la tête en bas … il change sans arrêt de position. Avec sa couleur terne et son gros bec, je crois que c’est l’espèce dont j’ai parlé en introduction de l’article pour apprendre à reconnaître les oiseaux … en plus il se nourrit dans un Aulne … 

    De ce que je vois c’est surement un “Tarin des aulnes”. 

    Il est hyperactif, pas facile à dessiner … Ce que je tente n’est pas très ressemblant, surtout qu’il prend des positions un peu tordues. Son copain arrive ensuite et se pose juste à côté. Je dois être à peine à 2 mètres et même si c’est en contre jour je vois bien les stries qu’il a sur le ventre. Je tente un petit dessin rapide pour noter ça. Je fais un pas et 4 Tarins s’envolent aussitôt. Apparemment j’en avais loupé 2. 

    Un peu plus loin un Rouge-gorge est posé que je tente de dessiner, il reste à peine 5 secondes et il s’envole … Tant pis, le dessin de mémoire va être très compliqué. 

    Ça peut être vraiment utile de s’entraîner à dessiner à partir de photos : afficher une photo 5 secondes, ou 10 secondes, bien l’observer, puis faire le dessin en mode croquis rapide. Un bon site pour ça est “Line of action”. Vous pouvez aussi le faire plus simplement en enregistrant des photos d’oiseaux dans un dossier, en mettant un chronomètre puis en les faisant défiler manuellement.

    Ce n’est pas un exercice facile mais je me rends vraiment compte que ça se passe comme ça sur le terrain. Ça peut paraître impossible à faire tellement les oiseaux sont rapides, mais avec un peu d’entrainement et une bonne approche c’est surement faisable. Un auteur que j’aime beaucoup et qui est la preuve que c’est faisable est John Muir Laws. Vous pouvez retrouver son approche pour capturer rapidement la forme d’un oiseau, ses proportions et sa posture dans cette vidéo

    Ce qui peut aider aussi est de s’entraîner à dessiner des oiseaux dans différentes postures grâce à des photos. Un oiseau ne prendra pas la pose sur le terrain et prendra des positions peut-être un peu inhabituelles et pas facile à dessiner rapidement si vous ne l’avez jamais fait avant. Continuons un peu la balade. 

    Plus loin, j’ai rencontré 2 oiseaux qui sont passés rapidement en vol : un roux, avec le bout des ailes sombres, une silhouette bien typique, c’était un Faucon crécerelle. Un autre très vert, avec le bas du dos jaune, le Pic vert (qui porte bien son nom 🙂). 

    Bon, alors, niveau difficulté à dessiner, on rentre dans un autre monde. Je me rappelle juste d’un tas d’images les unes à la suite des autres mais pour remettre ça sur une feuille … C’est un peu flou et je ne vois pas trop comment m’y prendre. 

    Je me rappelle d’un conseil que je tenterai la prochaine fois, il n’est pas facile à appliquer mais avec un peu d’entrainement ça peut sûrement aider. Ça consiste à essayer de “prendre une photo” avec ses yeux.

    Ce qui fait que c’est compliqué de dessiner une seule image est en partie que l’on voit plein d’images les unes à la suite des autres et que c’est donc difficile de figer une image mentalement pour la dessiner. L’idée est donc de bien observer attentivement, de fermer les yeux pour ne pas s’embrouiller avec d’autres images, essayer de visualiser l’image, puis la dessiner. C’est sûrement un peu compliqué à faire au début mais au moins c’est une piste pour faire mieux la prochaine fois ! 

    Travailler la théorie m’a bien aidé à dessiner plus facilement sur le terrain : comment faire des croquis rapides d’oiseaux ou de plantes par exemple ou s’entraîner à faire des dessins plus détaillés.

    Un dernier truc utile pour dessiner les oiseaux : une paire de jumelles. J’ai fait quelques observations d’oiseaux un peu loin et sans jumelles c’est vraiment compliqué. Dessiner ce qu’on observe si on observe que de petits oiseaux au loin ne donne pas grand chose et c’est un peu frustrant … 

    J’ai pas mal parlé de couleurs jusque-là : des bourgeons violets, des oiseaux roux, verts ou ternes, … mais comment représenter la couleur sur le terrain ? Dans la prochaine partie vous trouverez quelques pistes de réflexion là-dessus.

    Faucon crécerelle en vol

    Faucon crécerelle en chasse (TheOtherKev, Pixabay)

    Pic vert en vol

    Pic vert (Alexis Lours, Wikimedia)

    Croquis rapides d'Aigrettes

    Un petit oiseau donne … un petit dessin …
    Les jumelles seraient bien pratiques ! (Aigrettes garzettes)

    Croquis d'une vache Highland cattle

    Un drôle d’oiseau, un peu plus coopératif

    Mémo conseils :

    • Préférez une approche méthodique pour capturer rapidement la silhouette, les proportions et la posture.
      • Pour s’entraîner aux conditions du terrain, dessinez partir de photos en les affichant de moins en moins longtemps : 30 secondes, 10 secondes, 5 secondes.
      • Habituez vous à dessiner des oiseaux qui sont dans différentes postures
      • Vous pouvez “prendre des photos” avec vos yeux en observant attentivement l’oiseau puis en fermant les yeux quelques instants avant de le dessiner. 
      • Une paire de jumelles est très utile pour observer les oiseaux.

      La couleur

      La couleur est très importante dans la nature, elle est présente partout : un Pic vert, des vaches Highlands rousses, des Chardonnerets avec la tête rouge, …

      Ça peut être un critère pour déterminer 2 espèces et ça rend les illustrations vraiment plus sympas. Pendant cette session de dessin en extérieur je me suis contenté d’un crayon à papier, j’ai indiqué les couleurs avec des notes écrites pour m’en souvenir. C’est un sujet qui demande de se pencher dessus et avant ça je souhaitais travailler sur comment dessiner ce qui est observé, plus rapidement et facilement. 

      La solution la plus abordable sans passer beaucoup de temps à la pratiquer est l’utilisation de crayons de couleurs je pense. De mon côté je ferai des tests, j’ai un faible pour l’aquarelle mais ce n’est vraiment pas ce qu’il y a de plus simple. L’aquarelle est quand même bien adaptée au terrain, vous trouverez un peu plus d’informations là-dessus dans cet article du blog.  

      Nous voilà arrivés au bout de cette balade, j’espère qu’elle vous à plu ! 

      C’est le moment de faire un petit récap de tout ça avec les points clés que nous avons vus. 

      Conclusion

      Avec ce premier test, j’ai vraiment beaucoup appris et je me suis enfin décoincé par rapport aux tonnes d’appréhension que j’avais au départ. J’ai aussi vu ce qu’il me restait à travailler pour faire de meilleurs dessins sur le terrain et j’ai fait beaucoup d’observations d’espèces en découvrant des choses que je ne connaissais pas sur un trajet que je fais pourtant assez régulièrement. 

      Dessiner chez soi, à partir d’une photo, et dessiner sur le terrain sont vraiment deux choses différentes. J’ai un peu eu l’impression de régresser mais les contraintes ne sont pas les mêmes donc c’est normal. J’aurai besoin de m’entrainer à dessiner rapidement les oiseaux, les plantes, apprendre à croquer un paysage, tester les solutions aux différents petits problèmes que j’ai rencontrés … bref il y a de quoi faire 🙂. 

      Voici donc tout de suite un petit récap des différentes choses qu’on a vu pendant cette balade : 

      • Tout d’abord, choisissez et préparez votre matériel : quelques crayons et un carnet sont parfaits pour commencer. 

      • Pour le lieu de dessin vous pouvez choisir un espace remarquable ou un endroit plus habituel, que vous fréquentez souvent. Les 2 sont très bien : il y a des sujets de dessins partout ! 
      • Pour vous lancer, vous pouvez commencer par dessiner quand vous n’avez personne autour de vous ou alors commencer cette activité en groupe. Bien vite, vous oublierez le regard des autres. 
      • Pour ne pas manquer une occasion de croquer une observation intéressante pendant votre balade, gardez votre matériel de dessin à portée de main : avec vous ou dans un sac en bandoulière par exemple. 
      • Sur le terrain, privilégiez l’approche croquis à un dessin très précis. Pour gagner du temps, essayez de comprendre la structure et l’organisation de votre modèle et reproduisez-là. Vous pouvez aussi vous attarder sur un détail que vous souhaitez retenir en y ajoutant plus de détails. 
      • Choisissez ce que vous voulez dessiner avec intention : une silhouette, une vue zoomée d’un détail (tête d’un oiseau, bourgeon, feuille d’un arbre, …). Privilégiez ce qui attire votre attention, vous questionne, que vous trouvez beau et que vous voulez retenir.
      • Cette approche vous rendra plus curieux et plus attentif à votre environnement. Vous découvrirez et retiendrez plus de choses, vous ferez des liens entre vos observations, construirez vos connaissances et apprendrez à mieux connaître la nature. 
      • Dessiner les oiseaux sur le terrain est compliqué. Une approche méthodique pour capturer rapidement la silhouette, les proportions et la posture aide beaucoup. 
      • Vous pouvez vous entraîner sur photo en croquant rapidement des oiseaux dans différentes postures. Pour vous mettre en conditions, essayez de les afficher quelques secondes uniquement. 
      • La couleur est très importante dans la nature, un moyen pratique et facile de la représenter est d’utiliser des crayons de couleurs. 

      Je vous encourage vraiment à oser, tester, faire vos propres expériences et trouver des solutions par rapport à vos objectifs et vos envies. Ce blog est là pour vous accompagner, vous apporter des conseils par rapport aux difficultés que vous pouvez rencontrer et vous parler des solutions que je trouve mais rien ne remplace la pratique. 

      En une balade d’une heure autour d’un site que je pensais bien connaître, j’ai fait beaucoup de découvertes, ça vaut donc vraiment le coup de se lancer ! 😉 

      J’espère que cet article vous à plu. Il est un peu différent de d’habitude donc n’hésitez pas à me faire un retour en commentaires sur ce format test, que vous l’ayez apprécié ou non 😉. Ça m’aidera beaucoup pour la suite ! 

      Bonnes découvertes nature et à très vite ! 

      Quelques observations en images

      Devant la qualité assez singulière de mes croquis, j’ai préféré vous illustrer ces observations en photos 😉.

      Bergeronnette des ruisseaux

      Bergeronnette des ruisseaux

      Corneille noire

      Corneille noire

      Chêne

      Chêne

      Mésange bleue

      Mésange bleue

      Tarin des aulnes

      Tarin des aulnes

      Charme

      Charme

      Chardonneret élégant

      Chardonneret élégant

      Aigrette garzette

      Aigrette garzette

      Vache Highland cattle

      Highland cattle

      Crédits photos, de gauche à droite en partant du coin supérieur gauche :
      Laitche (Wikimédia), Ralph (Pixabay), TheOtherKev (Pixabay), Alexa (Pixabay), zinka (Pixabay), Orna (Pixabay), Enrique (Pixabay), Jean-Pol Grandmont (Wikimedia), Michael Drummond (Pixabay)

      Matériel utilisé

      • Carnet à dessin A4, 110g/m² – Monali
      • Porte-mine 0.5mm
      • Mines 4H et 2B 
      • Crayon-gomme « Tombow Mono-zero »
      • Crayon « Non photo blue pencil » #20028 – Prismacolor
      • Fixatif en bombe pour techniques sèches – Monali

      Ressources

      (1) LAWS, J. M. Laws Guide to Nature Drawing and Journaling; Heyday Books: Berkeley, California, 2016.
      Si vous avez aimé cet article, vous êtes libre de le partager !