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Comment dessiner plus facilement tout ce qui présente une symétrie ?
Que ce soit de face, de dos ou de trois quarts, il existe une méthode simple qui peut vous y aider.

Cette technique s’applique à la quasi-totalité des animaux et à certaines plantes à fleurs.

L’astuce réside dans l’utilisation des traits parallèles.

Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ? En quoi ces traits peuvent-ils faciliter votre dessin ? Et comment les mettre en pratique ?

C’est ce que nous allons découvrir ensemble dans cet article.

C’est parti !

Dans la famille des traits de construction, les traits parallèles

Quand je me suis lancé dans le dessin, je n’avais absolument aucune technique ou stratégie.

Je commençais par une partie du modèle en dessinant les contours et j’avançais comme ça petit à petit …

En général à un moment je me rendais compte que quelque chose clochait et qu’il fallait recommencer une bonne partie du dessin …

Tout a changé quand j’ai commencé à utiliser des traits de construction.

De quoi s’agit-il ?

Les traits de construction … qu’est ce que c’est ?

Cette approche est celle que j’utilise en ce moment et qui fonctionne pour moi. Il y a plein de manières possibles d’aborder un dessin et ce n’est bien sûr pas la seule.

A vous de tester pour voir si elle vous parle 😉.

Pour un dessin, je procède en 2 grandes étapes :

1. Je place les éléments du dessin les uns par rapports aux autres, avec leurs proportions relatives grâce à des traits de construction.

2. Puis je m’appuie sur ces traits pour faire le dessin plus précis des contours et ajouter les détails.

Ces traits de construction sont légers, rapides à faire et faciles à corriger.
Ils permettent de se concentrer uniquement sur les proportions dans un premier temps, pour faire le dessin plus précis ensuite.

C’est en effet très compliqué d’avoir une vue d’ensemble du dessin pour avoir de bonnes proportions et en même temps de se concentrer sur le détail précis des contours. Avant d’utiliser cette approche, ça m’est souvent arrivé de dessiner en détail une aile ou une patte, être plutôt content du résultat, mais me rendre compte qu’elle n’était pas du tout de la bonne taille par rapport au reste du dessin …

Voici un petit exemple pour que ce soit plus concret.

Traits de construction pour un dessin d'oiseau

Quelques traits de construction bien utiles pour dessiner un oiseau

Dessin d'un oiseau au crayon (Cardinal rouge)

Il n’y a plus qu’à ajouter les détails par dessus ces traits 

Et les traits parallèles dans tout ça ?
Voyons ça tout de suite 🙂

Zoom sur les traits parallèles

Définition des traits parallèles

La très grande majorité des animaux (sauf les éponges, les coraux, les méduses et quelques autres espèces) présentent une symétrie « bilatérale » : un côté est identique à l’autre, mais le dos est différent du ventre.

Si vous dessinez un animal et qu’un côté n’est pas symétrique à l’autre, ça va donc tout de suite se voir : le côté d’un visage non symétrique avec l’autre, une aile de papillon plus courte que l’autre etc.

A moins de dessiner dans un style cubiste, ou de dessiner un dahu, ça peut faire un peu bizarre.

Les traits parallèles sont des traits de construction qui permettent d’aligner facilement les éléments symétriques d’un dessin. Ils vous indiquent où commencer et où arrêter vos traits.

Si vous représentez une vue de face, il permettent par exemple d’aligner facilement les 2 côtés d’un sujet : les 2 yeux, les 2 oreilles, les pattes du côté droit et celles du côté gauche, les motifs sur les ailes d’un papillon, … 

Dessin pas à pas d'un papillon (Paon-du-jour)

Avec quelques traits parallèles, dessiner un papillon devient beaucoup plus facile ! 

Les traits parallèles sont aussi très utiles pour faire des dessins avec un point de vue un peu plus compliqué : la vue de 3/4.

Les traits parallèles pour représenter une vue de 3/4

La vue de 3/4 est une vue intermédiaire entre la vue de côté et la vue de face.

Quand on cherche des modèles pour dessiner d’après une photo, de nombreux sont pris avec ce point de vue … et ce n’est pas pour rien 🙂.

Cette vue est moins « plate » et est plus dynamique que la vue de côté ou la vue de face.
Les photographes demandent d’ailleurs souvent de s’orienter légèrement de profils quand ils prennent des portraits.

Le principe est donc le même en dessin, un dessin avec une vue de 3/4 peut être plus intéressant qu’un dessin avec une vue parfaitement de profil ou de face.

Sauf que … c’est aussi plus compliqué à faire.
Par rapport à une vue de face, les éléments symétriques ne seront plus alignés selon un axe horizontal, mais selon un axe en diagonal (un œil apparaîtra plus haut sur votre feuille qu’un autre par exemple).

Mais l’avantage est que les différents éléments symétriques resteront alignés entre eux selon cet axe diagonal … et c’est là que les traits parallèles vont être très intéressants !

Digitale pourpre

Digitale pourpre avec quelques traits en plus (LouisaLouisa, Pixabay)

Biche

Les traits parallèles sont super utile pour dessiner la tête d’un animal. De face ils sont à l’horizontal (KnipsKaline, Pixabay)

Grenouille

De 3/4 les traits parallèles sont en diagonale (NoName_13, Pixabay)

Renard roux

Ou comment transformer un look avec les traits parallèles (Pixabay)

Comment utiliser les traits parallèles en pratique dans vos dessins ?
Voyons ça tout de suite dans la prochaine partie 🙂.

Comment utiliser les traits parallèles en pratique ?

Les étapes pour utiliser les traits parallèles

Voyons étape par étape une manière d’utiliser les traits parallèles dans votre processus de dessin.

Comme nous l’avons vue, je vous propose une approche en 2 grandes étapes :

1. Utiliser des traits de construction, dont les traits parallèles, pour placer les formes et les proportions.

2. Tracer les contours précis et ajouter les détails en s’appuyant sur ces traits de construction.

 Nous allons donc nous concentrer sur la première étape. Ces traits seront donc tous légers et rapides.

La première chose va être de « placer les masses ».
L’idée est de simplifier au maximum le sujet en utilisant de grandes formes arrondies (ronds, ovales, « patates »). Ces formes permettent de capturer la taille du sujet et de ses éléments, ses proportions et sa forme approximative.

Par exemple, un rond peut être utilisé pour la tête, un ovale pour le corps, …

Pour placer ces formes plus facilement je trace souvent l’axe au niveau du dos/cou, puis la forme de la tête, puis l’axe au niveau de la gorge/du ventre puis enfin la forme du corps.
Ces 2 axes (au niveau du dos et au niveau du ventre) permettent d’encadrer les grandes formes arrondies de la tête et du corps et donc de les placer plus facilement les unes par rapport aux autres. 

Par dessus ces grandes formes, nous allons placer l’axe de symétrie central. Cet axe permet de placer plus facilement les éléments symétriques sur le dessin en les dessinant à la même distance du centre. Il peut être tracé un peu plus tôt pour faciliter le dessin comme dans l’exemple du papillon juste en dessous. 

C’est ensuite qu’arrivent les traits parallèles.
La question que vous pouvez vous poser est :
« Quels éléments, de part et d’autre de l’axe de symétrie, sont parallèles entre eux ?« 

Il n’y aura plus qu’a tracer les traits parallèles correspondant 😉.

Traits de construction et traits parallèle pour un oiseau
Traits de construction et traits parallèle pour une grenouille
Traits de construction et traits parallèle pour une zygène

Les premières étapes pour dessiner un oiseaux, une grenouille et une zygène 

Je vous propose d’aller un peu plus loin et de voir comment on passe de ces traits parallèles au dessin final.

Aller un peu plus loin : des traits parallèles au dessin

Pour préciser un peu plus le dessin nous allons placer le reste des traits de construction.

Toujours en étant approximatif, nous allons rentrer un peu plus dans le détail en « marquant les angles ».

Jusque-là, nous avons utilisé de grandes formes arrondies. Si on dessine sur cette base, le résultat risque d’être très rond. Nous allons donc rajouter des traits pour marquer les angles particuliers du dessin, c’est-à-dire là où les traits changent de direction.

Pour ça, une bonne astuce est d’utiliser les « espaces négatifs« . Il s’agit des formes à l’extérieur des contours externes de votre sujet. Ces formes permettent de voir et de dessiner les angles plus facilement.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur cet article.

Tout au long de ce processus pour dessiner les traits de construction, c’est très utile de vérifier les proportions pour voir s’il y a besoin de faire des corrections.
Avant de passer à l’étape dessin, une dernière vérification ne sera pas de trop 🙂.

La partie « dessin » en elle-même peut prendre du temps. Prendre le temps de vérifier les proportions une dernière fois pourra vous éviter de devoir recommencer votre dessin ensuite à cause d’une erreur de proportions.

Si besoin, atténuez les traits de construction avant de faire le dessin final (à l’aide d’une gomme « mie de pain » ou d’une gomme classique).

Pour cette étape, nous allons cette fois uniquement nous concentrer sur le tracé précis des contours. Il s’agit donc de s’appuyer sur les traits de construction pour respecter les proportions.

Il ne faudra par contre pas les suivre exactement pour pouvoir faire un dessin plus précis.
Tout est dans l’observation précise de votre modèle.

Dessin d'un oiseau
Dessin d'une grenouille
Dessin d'une zygène

Suite et fin 🙂, quelques « espaces négatifs » ont été hachurés ici

Pour finir

Une fois l’étape des traits de construction passée, dessiner devient bien plus facile mais ça peut rester un vrai challenge.

Il s’agit de bien voir les lignes à représenter pour les dessiner précisément. Une astuce utilisée ici est de dessiner en retournant sa feuille et son modèle1  pour vérifier le dessin voir pour le réaliser entièrement.

Comme pour tout, c’est une compétence qui s’apprend et qui se développe avec la pratique 😉.
Vous pouvez retrouver quelques conseils sur ce point dans cet article.

Conclusion

Et voilà, nous sommes arrivés à la fin de cet article. J’espère que les traits parallèles n’ont plus aucun secret pour vous.

Nous avons vu pas mal de chose, je vous propose donc de récapituler tout ça rapidement.

Nous avons vu que les traits parallèles font partie des « traits de construction ».
Les traits de construction servent de « guide » pour le dessin. Ce sont des traits légers, rapides et faciles à corriger, qui servent à fixer les formes et les proportions. Avec cette approche, le dessin est fait dans un deuxième temps en s’appuyant sur ces traits.

Les traits parallèles permettent alors de dessiner beaucoup plus facilement les sujets qui ont une certaine symétrie, c’est-à-dire la quasi totalité des animaux mais aussi certaines plantes à fleur (celles avec une symétrie « bilatérale »).

Nous avons vu ensuite comment les utiliser en pratique dans vos dessins :

1. Placer les « masses » de votre sujet (de grandes formes arrondies pour indiquer la tête, le corps, etc).

2. Dessiner l’axe de symétrie centrale.

3. Placer les traits parallèles de manière à « encadrer » certaines parties du dessin et savoir où commencer et où arrêter vos traits.

4. Marquer les angles grâce aux espaces négatifs.

5. Faire le dessin final en s’appuyant sur ces traits de construction et en dessinant précisément les contours.

Pour l’ensemble des traits de construction, un crayon bien pratique est le « Non photo blue pencil col-erase #20028 » de Prismacolor. Il est très discret et les traits n’ont pas forcément besoin d’être effacés.

A vos crayons ! Pour ancrer ce que nous avons vu et voir si cette approche vous convient, je vous encourage fortement à essayer dès maintenant. Choisissez un sujet avec une symétrie intéressante (un papillon, une grenouille, etc) et appliquez les étapes que nous avons vu dans cet article. N’hésitez pas à me faire un retour en commentaire ou à partager le résultat sur les réseaux en taguant le compte (« @dessinerlanature ») pour que je puisse aller voir vos dessins 😉

Bons dessins et à très vite !

Ressources

(1) Edwards, B. Dessiner grâce au cerveau droit (4e édition): Une méthode imparable pour s’initier à la pratique du dessin, 4e édition.; Mardaga éditions: Wavre (Belgique), 2014.

Cette approche du dessin à été vue dans le livre de John Muir Laws : « The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling » (Heyday Books: Berkeley, California, 2016)

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