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Comment dessiner les champignons ?

Avec leur diversité de formes, de couleurs et d’espèces, ce sont les vraies stars de l’automne !

Les dessiner permet d’apprendre à mieux les connaître mais aussi à reconnaître les différentes espèces : faire un dessin demande d’observer précisément et permet de mémoriser efficacement de nombreuses informations.

Ce sont aussi de très bon sujets pour démarrer et progresser en dessin : ils permettent de travailler la construction avec des formes de bases, la couleurs, les textures et l’observation.

Même si vous débutez, vous pourrez obtenir un résultat assez sympa facilement, ce qui est une bonne source de motivation 🙂.

Dans cet article, on va voir comment les dessiner facilement, que ce soit à partir de photos ou directement sur le terrain et comment les observer / où les trouver pour pouvoir les dessiner.

Quelques infos parfois méconnues sur les champignons seront aussi glissées par-ci par-là 🙂.

Bonne lecture et bonne découverte !

Qu’est ce qu’un champignon exactement ?

Pour pouvoir les observer et les dessiner plus facilement, ça peut-être très utile de savoir de quoi on parle exactement quand on parle de champignons.

Ce que l’on voit, que l’on appelle champignon, et que l’on croque avec les dents ou avec son crayon, n’est que la partie émergée de l’iceberg (enfin du champignon).

L’essentiel se trouve en fait dans le sol ou dans le bois, sous la forme de filaments extrêmement fins.

Le chapeau qui sort du sol est l’équivalent du fruit chez les plantes : c’est une production faite par le champignon pour assurer sa reproduction via des spores, de toutes petites cellules disséminées dans l’air.

Les champignons n’apparaissent donc pas comme par magie après une pluie, ils sont déjà présents mais développent la partie émergée (notre chapeau) quand les conditions sont favorables (humidité et température).

On les retrouve souvent proches des arbres puisqu’une partie des champignons, parmi lesquels on retrouve les stars (cèpes, girolles, truffe, amanite tue-mouche, …), sont associés à ces arbres, soit à une espèce d’arbre spécifique, soit à plusieurs.

Elle forme ce qu’on appelle une « symbiose » : le champignons et l’arbre bénéficient de l’association.

D’autres champignons décomposent la matière organique (feuilles, bois mort, … : coprins, pleurotes, morilles, …) et d’autres parasitent des espèces vivantes (mildiou, …)

(Certains champignons vont encore plus loin : ils parasitent des insectes et prennent le contrôle de leur comportement … un vrai scénario de science-fiction ! Plus d’infos ici 😉.)

Champignons et arbres : un partenariat gagnant – gagnant1

Les champignons associés aux racines des arbres leurs permettent d’explorer une surface sous terre bien plus importante.

Le champignon, par son réseau de filament, capte de l’eau et des sels minéraux (phosphore et azote notamment) qu’ils envoient à l’arbre. L’arbre, de son côté, envoie au champignon des sucres produits grâce à la photosynthèse.

Ce réseau de filaments souterrains constitue aussi un véritable réseau d’échange, de communication et d’entraide entre les arbres d’une forêt. Ils peuvent échanger des composés nutritifs comme du carbone ou prévenir le voisin qu’un prédateur, mammifère ou insecte, les attaque pour que celui-ci puisse anticiper et produire des composés chimiques pour se défendre.

La forêt est une structure vivante : les arbres sont plus résilients et résistants aux aléas (sécheresses, tempêtes, etc) s’ils sont entourés par des copains dans une forêt que s’ils sont isolés. Ils ont donc tout intérêt à ce que leurs voisins soient en forme, d’où cette entraide et cette communication.

Pour cet article, on va s’intéresser aux champignons les plus connus : ceux en forme de chapeaux. Après cette première partie, voyons tout de suite comment les dessiner pas à pas.

chemin en forêt

Sous le sol d’une forêt se cache un véritable réseau de communication et d’échange constitué par les champignons (Tognopop, Wikimédia)

Comment dessiner les champignons pas à pas ? 

Construire la forme de base avec un cylindre et une demi-sphère

Avant de commencer, c’est important d’enlever toute pression : on dessine pour le plaisir et pour apprendre à observer et découvrir des choses sur le vivant autour de nous.

L’approche que nous allons voir est pas à pas et est accessible quelque soit où vous en êtes dans l’apprentissage du dessin.

Un champignon de type chapeau, ou « maison de schtroumpf » peut-être décomposé en 2 formes de base simples mises bout à bout : un cylindre et une demi-sphère.

Bien comprendre ces formes 3D vous permettra de dessiner un champignon facilement depuis différents points de vue.

Nous allons construire notre dessin pas à pas, sans sauter directement à l’étape du dessin détaillé, qui viendra à la fin.

La première chose est de bloquer les formes et les proportions à l’aide de traits de construction (notre cylindre et notre demi-sphère donc).

Notre cylindre est composé de deux ovales reliés ensembles par des traits. Pour bien comprendre cette forme, vous pouvez prendre un verre droit ou rouler une feuille, et l’observer et la dessiner depuis différents points de vue.

dessin d’un cylindre

Le pieds du champignon est un simple cylindre

À ce cylindre on va ajouter une sphère coupée en 2.

Là aussi, si vous avez de quoi faire une sphère et la couper en 2 par le centre ça peut vous aider à comprendre cette forme en 3D plus facilement (avec de la pâte à modeler ou l’emballage en cire d’un fromage par exemple).

dessin d’une demi-sphère
construction d’un champignon avec des formes de base

Et hop, un champignon !

C’est important de maîtriser ces formes de bases puisque ce sera la base de notre champignon.

Ces formes vous permettront de passer facilement d’une vue du dessus à une vue du dessous en fonction des traits effacés et des traits renforcés à partir de notre structure de base. Dans l’exemple en dessous la seule différence entre les 2 champignons de droite est dans les traits effacés à partir du dessin de gauche.

champignon vu du dessus ou du dessous

Ce modèle de base permet de passer facilement d’une vue du dessus à une vue du dessous

Les champignons, comme les plantes et les arbres, ont l’avantage d’être assez tolérants sur les proportions par rapport à un animal.

Si les proportions ne sont pas tout à fait exactes, cela n’empêche pas d’avoir un beau résultat qui contient les informations essentielles pour reconnaître l’espèce (si c’est le but du dessin). C’est donc un bon sujet pour démarrer 🙂.

Pour être plus précis sur les proportions, vous pouvez comparer différents éléments entre eux : par exemple mesurer sur votre modèle avec votre crayon la largeur du chapeau par rapport à la hauteur du pied.

Vous pourrez alors reporter ces informations sur votre feuille à l’aide de points qui serviront de points de repère pour votre dessin.

Dans l’exemple illustré, la largeur du chapeau sur l’axe horizontal fait environ 1,5x la hauteur du pied.

Si on prend la moitié de la largeur sur l’axe horizontal, elle mesure aussi environ 1,5x la largeur sur l’axe vertical. 

Faire un dessin aux bonnes proportions n’est pas évident et prendre ce type de points de repère vous aidera énormément. 

Vérifiez bien les proportions et corrigez-les si besoin avant de continuer.

traits de construction pour un champignon

Quelques points de repère vous aideront beaucoup à faire de premier tracé

Ajouter les détails

L’essentiel ici est l’observation pour dessiner ce que vous voyez et non ce que vous pensez devoir voir2.

Un exercice intéressant pour s’entraîner à observer précisément est le dessin en contours aveugles (vous pouvez trouver plus d’informations dans cet article 😉).

La perspective et la déformation de certains détails du à l’arrondi du champignon notamment peut être assez perturbante (sur les côtés du chapeau notamment).

Ici c’est vraiment important de bien observer et de dessiner ces déformations comme vous les voyez : ce sont elles qui participeront à donner l’impression d’un champignon en 3D.

dessin d’un champignon au trait

Et un beau champignon 🙂 

Ajouter les valeurs

Les valeurs, ou nuances de gris si vous travaillez au crayon à papier, les ombres et lumières, sont ce qui donneront le volume à notre champignon.

Sans ça, il aurait l’air complètement plat.

Notre champignon est assez arrondi, nous allons donc plutôt faire un dégradé de valeurs, du plus sombre au plus clair, pour indiquer le volume.

Pour ça je vous propose 2 options : faire un dégradé de tons, ou utiliser des hachures.

Dégradé de valeurs avec des tons

Pour cette approche, 2 options sont à nouveau possibles.

La première consiste à poser un ton clair sur toutes les zones à teinter (1). Les zones les plus éclairées resteront en blanc.

Pour ça, idéalement, utilisez une mine « sèche » (2H, 4H, etc), qui marquera moins le papier et appuyez très peu.

Une mine HB pourra aussi faire l’affaire si vous appuyez vraiment très peu.

Si vous utilisez un porte-mine, vous pouvez user un peu la mine en faisant quelques traits pour l’aplatir d’un côté. Cela vous évitera de faire des traits très marqués.

Très progressivement, foncez petit à petit les zones pour obtenir un dégradé progressif (étapes 2 et 3)

Pour les zones les plus sombres, vous pouvez utiliser une mine plus grasse (HB, B, 2B, 4B, etc) si vous en avez une pour obtenir un résultat bien contrasté.

dégradé de valeurs avec des tons en 3 étapes

Le tout est d’y aller très progressivement et d’appuyer à peine sur le crayon

La deuxième option est d’utiliser une mine plutôt grasse pour poser les tons les plus foncés, sans trop appuyer pour ne pas marquer le papier (1).

Avec une estompe, répartissez ensuite le crayon des zones les plus foncées aux zones les plus éclairées (2).

Vous pouvez également utiliser une gomme mie-de-pain pour enlever un peu de crayon et éclaircir certains endroits si besoin.

dégradé de valeurs à l’aide d’une estompe

Pour un dégradé express cette option est parfaite !

Voyons tout de suite la deuxième technique : utiliser des hachures.

Dégradé de valeurs avec des hachures

L’idée est d’utiliser des traits parallèles plus ou moins rapprochés pour donner un effet sombre ou clair.

Pour un rendu plus sombre vous pouvez soit rapprocher les hachures, soit faire des traits plus appuyés.

La technique des hachures est plus rapide et à l’avantage de pouvoir être utilisée avec d’autres outils de dessins (feutre, stylo bille, …).

Le reste est une question de goûts puisque le rendu sera un peu différent. À vous de tester et de voir l’approche qui vous plaît le plus 😉.

dégradé de valeurs avec des hachures

Quelques traits parallèles fonctionnent aussi très bien 🙂

Poser des valeurs

Avant de poser nos valeurs, la première chose à faire va être de repérer quel ton poser où.

En observant votre modèle, vous pouvez définir 3 ou 4 valeurs différentes maximum :

  • le blanc
  • le presque noir
  • et 2 nuances de gris intermédiaires

Ces tons doivent vous permettre de représenter les couleurs et les zones d’ombres. Pour les repérer plus facilement, si vous travaillez à partir d’une photo, vous pouvez passer la passer en noir et blanc (à l’aide de cet outil en ligne par exemple).

Deux approches sont possibles pour poser vos valeurs :

  • 1. Délimiter ces valeurs très légèrement sur votre dessin avec des traits discrets avant de les poser (attention aux zones de transitions entre 2 valeurs qui doivent se faire progressivement),
  • 2. Commencer par poser les valeurs les plus foncées, puis les plus clairs (sans compter le blanc), pour finir par la valeur intermédiaire.
dessin champignon avec des valeurs

Ici le dessin aurait pu s’éloigner un peu plus du modèle pour donner du volume au pied avec un dégradé de tons

Dessiner les champignons en couleurs

Pour représenter les champignons en couleurs, la technique la plus simple et la plus accessible est sans doute le crayon de couleur.

L’aquarelle est aussi intéressante pour différentes raisons : le rendu assez sympa je trouve, bien adapté au dessin nature, et le côté rapide et pratique, y compris en extérieur si vous utilisez un pinceau à réservoir d’eau.

Je réfléchis à un article plus détaillé sur comment dessiner les champignons en couleurs, … à suivre 😉 !

Dernier ajout : les textures

Ce sont les derniers petits détails, ajoutés à la fin et assez rapides à faire, qui donneront une petite touche de réalisme en plus à votre dessin de champignon.

Ces détails permettent par exemple de représenter le côté un peu rugueux ou « pelé » du pied, en contraste avec le chapeau qui peut-être plus lisse.

La texture peut être représentée à l’aide de simples traits, courts, ou de points, par-ci par-là sur votre champignon.

Référez-vous toujours à votre modèle pour savoir où et comment représenter ces détails.

Un peu de texture ajoute une touche sympa de réalisme, trop, le dessin devient un peu confus …

Visez donc plutôt la simplicité et n’ajoutez pas trop de texture.

dessin champignon crayon graphite

Une petite pincée de texture en plus

Cette démarche que nous venons de voir peut être appliquée aussi bien en intérieur, à partir d’une photo, qu’en extérieur, à partir d’un champignon observé.

Mais justement, où et comment observer des champignons ?

C’est ce que je vous propose de voir tout de suite rapidement dans la dernière partie.

Observer les champignons

Les champignons aiment l’humidité et les températures douces. Leur saison préférée est donc bien sûr l’automne.

On peut aussi les rencontrer au printemps, quand ces conditions sont réunies (humidité et douceur des températures), voir toute l’année pour les champignons qui poussent directement sur les arbres, sans pieds.

S’il y a une petite pluie qui est suivie de quelques jours doux, c’est le moment idéal pour faire une petite balade et découvrir ces espèces.

Rendez-vous alors en forêt, de feuillus ou de conifères. Jetez aussi un œil sur le bois mort, les souches et les troncs.

Enfin, ça vaut le coup de se balader dans les prairies, parcs et jardins, qui peuvent abriter des espèces différentes.

Conclusion

Dessiner les champignons permet d’apprendre à mieux les observer et à mieux les comprendre.

Avec leur forme typique, qui peut être facilement décomposée, ce sont d’excellents sujets de dessins qui permettent de travailler différentes compétences.

Nous avons vu comment les dessiner étape par étape, en partant de la forme de base, un cylindre et une demi-sphère, pour ajouter progressivement les détails, les ombres et valeurs, et les textures.

Enfin nous avons vu quelques conseils pour en rencontrer plus facilement en balade.

Pour aller un peu plus loin, vous pouvez trouver en complément quelques articles qui peuvent vous aider sur différents points abordés ici : les traits de construction, un exercice pour s’entraîner à mieux observer, et un article pour représenter les ombres plus facilement.

Je réfléchis encore à un article sur comment dessiner les champignons en couleurs, à suivre donc 🙂.

Si utiliser le dessin pour en apprendre plus sur la nature vous parle, vous pourriez être intéressé par apprendre à tenir un carnet nature (rendez-vous dans cet article) et par le guide en accès libre juste en dessous.

Et si vous avez des questions, remarques ou partages, rendez-vous dans l’espace commentaires un peu plus bas, j’y répondrai avec plaisir ! 🙂

Bons dessins, bonnes observations et à très vite !

Ressources

  • (1) Peter Wohlleben,  La vie secrète des arbres, ed Collection Poche, 2023
  • (2) Betty Edwards, Dessiner grâce au cerveau droit, ed Mardaga, 2014
  • John Muir Laws, The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling, ed Heyday Books, 2016 : de nombreux conseils pour dessiner la nature, y compris les champignons

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