Ça y est, c’est le moment de partir en vacances !
Vous avez soigneusement sélectionné votre destination grâce à ce petit quelque chose qu’elle a en plus : ses paysages, une nature riche, de nombreuses découvertes possibles …
Vous voulez profiter au maximum, observer, découvrir, et prolonger ces vacances grâce au souvenir que vous en garderez.
Comment faire ? Prendre des photos peut-être ? Il y a toujours cette tentation d’en prendre beaucoup, et finalement de ne jamais les regarder …
Et si une autre approche vous permettait justement d’observer plus, de découvrir plus, et de garder des souvenirs précis sur le long terme ?
Sur le papier, c’est ce que permet le fait de tenir un journal nature / de faire du Nature journaling.
Il n’y a pas longtemps, je suis parti dans les Pyrénées, pour animer une sortie organisée avec le Parc national, ce qui à été l’occasion de découvrir cet endroit assez exceptionnel en prolongeant un peu mon séjour.
J’ai donc testé cette activité, le journal nature, en condition de voyage pendant cette semaine, pour voir si elle tenait ses promesses.
Qu’est ce que ça m’a apporté ? Quelles découvertes elle m’a permise ? Quelles difficultés j’ai rencontré ?
C’est ce que je vous propose de découvrir dans cet article dans lequel nous allons aussi voir des conseils pratiques pour se lancer et progresser.
C’est parti !
Prendre des notes ou ne pas en prendre ? Premières impressions
Observer plus ou moins de choses ?
C’est donc une semaine que j’ai passé dans le Parc national des Pyrénées et dans les alentours.
Ça a été l’occasion de faire pas mal de sorties … des fois sans sortir mon carnet de notes / dessins, des fois en prenant le temps de me poser pour le remplir un peu.
Quelles différences j’ai pu voir ? Celle qui est la plus évidente peut-être : dessiner demande de se poser, de prendre le temps d’observer un sujet.
C’est donc du temps en moins pour traverser de nouveaux paysages et milieux : sur la même durée, on couvre moins de distance.
On traverse moins de paysages donc mais, pour autant, le nombre de choses que l’on peut observer n’est pas forcément moins important.
En me posant, j’ai pu observer des choses que je n’aurais pas vu autrement en passant un peu vite : que ce soit pour un même sujet (une plante avec la structure d’une fleur par exemple) ou pour le nombre d’espèces observées.
En ralentissant et en se posant, la nature se montre plus : on peut voir des insectes, des oiseaux, des mammifères, qui se tiennent éloignés quand on est en mouvement et qui se rapprochent quand on ralentit et qu’on reste un moment sur place.
La deuxième chose qui m’a marquée est la manière dont je me suis souvenu de ce que j’ai observé.

Ralentir a été l’occasion de faire de nombreuses observations comme cette petite bête aux grandes antennes (un « Monochame de Provence »)
Des souvenirs plus ou moins riches
Si je fais le bilan, j’ai l’impression que les sorties où je n’ai pas pris de notes ou dessiné, j’ai peut-être observé plus de choses, mais, avec du recul, je ne m’en souviens pas très bien …
Mes souvenirs sont assez peu précis.
Sur tout ce que j’ai pu observer il reste heureusement des choses, mais sur la quantité, une grande partie à été oubliée au bout de seulement une petite semaine.
Il reste quelques photos prises parfois un peu trop vite, qui n’évoquent pas toujours quelque chose quand je les regarde1.
Au contraire, le fait d’avoir pris le temps d’observer attentivement et d’avoir pris des notes, m’a permis de garder des souvenirs et impressions assez précises et riches, même si au final j’ai sans doute observé un peu moins de choses.
Cela revient un peu à choisir entre la qualité et la quantité …
Les souvenirs que l’on a d’une expérience sont tout ce qu’il reste au final, et une une vie pleine de souvenirs est une vie plus riche (en plus cela donne l’impression que le temps file moins vite 🙂).
Prendre le temps de dessiner et de prendre des notes peut donc vraiment valoir le coup 🙂.
Mais alors, pourquoi cela permet de mieux se souvenir ?
Sur le moment, dessiner et prendre des notes demande de ralentir, d’être plus attentif, voir d’utiliser ses différents sens pour enrichir ses observations.
L’attention et l’utilisation de ses sens sont des éléments essentiels pour se souvenir de quelque chose2. En prenant des notes à l’aide de dessins, on garde aussi une trace de ce que l’on a observé, ce qui permet d’y revenir, de raviver la mémoire et de retenir à long terme3.
Mais évidemment, on rencontre quelques obstacles en voulant dessiner la nature et prendre des notes en balade.
Dans la prochaine partie, je vous propose de voir quelques difficultés et erreurs que j’ai pu faire pendant cette semaine dans les Pyrénées, pour que vous puissiez les éviter facilement.
Nous verrons aussi quelques avantages et challenges à changer d’environnement de dessin / d’exploration nature.

Quelques notes et quelques dessins permettent de mieux observer et de mieux retenir !
Difficultés et challenges
Dessiner et prendre le temps d’observer : 2 choses différentes
J’ai passé pas mal de temps dans un endroit assez exceptionnel : la Réserve naturelle nationale du Néouvielle.

Que la montagne est belle ! (Lac des Laquettes, réserve du Néouvielle)
Avec des paysages de montagne incroyables, fait de sommets sculptés par d’anciens glaciers, de lacs, une flore diversifiée, des arbres de toutes les formes, des insectes …
J’avais envie de dessiner à peu près tout, juste pour me rappeler de ces rencontres …
Le souci, c’est que dessiner prend du temps.
Je me suis un peu trop souvent lancé dans des dessins, sans prendre le temps de voir ce qui m’intéressait le plus et ce dont je voulais me souvenir.
C’est particulièrement le cas avec les paysages, dans lesquels on peut vite se perdre tellement il y a d’informations que l’on peut dessiner.
Et, bizarrement, quand on dessine, on peut passer moins de temps à observer dans l’ensemble quelque chose que si on l’observe uniquement.
Dessiner un paysage demande de noter rapidement les proportions et l’emplacement des éléments, mais après il s’agit essentiellement de se concentrer sur des petites portions précises pour savoir comment tracer ses traits.
Alors que quand on observe un paysage, en général, on le regarde plus dans son ensemble.
Si on se jette dans le dessin, on peut donc finalement passer beaucoup moins de temps à observer ce paysage dans son ensemble que si on ne le dessine pas et qu’on l’observe uniquement.
Par contre, si on ne prend pas de notes et qu’on ne dessine pas, on a pas de trace et on finit par oublier …
Comment faire pour résoudre ce problème ?
Et bien, c’est tout simple : on peut tout à fait faire les deux !
Prendre le temps d’observer et d’admirer, voir ce qui nous parle, que l’on trouve beau et que l’on veut retenir, puis dessiner.
Le dessin permet alors d’observer plus précisément, plus finement, mieux comprendre les formes, les structures, percevoir les lumières et couleurs, et se souvenir de son observation.
« Apprendre à dessiner consiste en réalité à apprendre à voir »4.
Je me rends de plus en plus compte à quel point cette phrase est vraie.
Dessiner permet de voir de manière plus précise, et de mieux se souvenir en faisant travailler sa mémoire visuelle.
Ça peut être frustrant au début, parce que l’on passe moins de temps à observer, et qu’on divise son attention et son temps entre le sujet et sa feuille de dessin mais plus on pratique, moins c’est le cas : on améliore sa mémoire visuelle, le dessin devient plus rapide et plus facile, que ce soit pour des paysages, des plantes, ou des animaux.
Changer d’environnement permet aussi d’explorer de nouveaux sujets, de se challenger, et de progresser.

Croquis aux dernières lueurs du jour …

Rien de mieux pour apprendre à dessiner vite et lâcher le perfectionisme !
Un nouvel environnement pour de nouveaux sujets et challenges en dessin
La routine peut être un vrai piège pour progresser en dessin : on finit par s’ennuyer, on reste dans le confort de ce que l’on maîtrise, et on ne voit plus les angles morts, toutes les choses sur lesquelles on pourrait progresser.
Evidemment, les Pyrénées et la Normandie, ça n’a absolument rien à voir : la montagne, les lacs, les plantes ou les animaux, tout est différent.
Il suffit donc presque de dessiner quelque chose pour que ce soit un nouveau sujet et challenge.
C’est à la fois motivant, et ça permet de voir là où il y a un peu de travail à faire 🙂.
Changer d’environnement et emmener vos affaires de dessin en vacances est donc une très bonne idée pour progresser.
Je vous propose de voir rapidement quelques difficultés rencontrées, pour donner quelques exemples concrets.
Dessiner les paysages des Pyrénées
Parmi les difficultés que j’ai rencontrées pour dessiner les paysages, il y a le fait de choisir le point de vue à représenter dans un paysage énorme, avoir de bonnes proportions, et trouver la bonne couleur.
Pour les deux premiers points, la solution vient surtout de la pratique et de l’utilisation de traits de construction (pour en savoir plus sur le dessin de paysages, vous pouvez faire un tour sur cet article 😉).
Pour la couleur, ce n’est pas évident.
Il y la pratique bien-sûr, mais il faut aussi prendre le temps de faire des tests dans un coin de feuille avant de poser la couleur sur le dessin pour choisir celle qui se rapproche le plus de ce que l’on observe, ce que je n’ai pas toujours fait …

Mieux vaut se concentrer sur une partie du paysage pour ne pas se perdre …

Dessiner en bonne compagnie
Dessiner l’eau
Une autre difficulté est de dessiner l’eau (lacs, cascades, rivières, …). C’est un sujet qui n’est pas facile et que je n’avais pas travaillé jusque-là. J’ai donc fait plutôt simple et ce n’est pas toujours très satisfaisant.

Pas facile de dessiner l’eau !
J’ai suivi un cours en ligne depuis (disponible en accès libre ici avec des traductions automatiques disponibles dans les réglages en faisant la démarche 2 fois, en activant une première fois les sous-titres en anglais).
Il me reste encore à travailler un peu ce sujet, je ferai très certainement un article prochainement dessus, donc si ça vous intéresse, restez attentifs 😉.
Dessiner les rochers
Les derniers éléments qui composent les paysages des Pyrénées qui ne sont pas évidents à dessiner sont les rochers.

Petit essai rapide au stylo bille et au feutre à base d’eau

Les rochers demandent des valeurs bien marquées
C’est encore à travailler de mon côté mais j’ai déjà vu qu’il s’agit surtout d’utiliser des valeurs bien tranchées pour représenter les angles abruptes.
Comme dessiner des paysages de montagne n’était pas suffisant comme contrainte, je me suis aussi mis plus sérieusement au dessin au stylo bille pendant cette semaine 🙂.
Dessiner au stylo bille
La principale caractéristique du stylo bille, qui fait que ce n’est pas facile de dessiner avec, mais qui permet en même temps de bien progresser, est qu’on ne peut pas l’effacer.
Il faut donc être assez méthodique. À côté de ça, il permet d’acquérir en tracé plus confiant, et de dépasser le perfectionnisme.
Après cette semaine de test plus intensif, j’ai retenu que l’essentiel est de :
- Utiliser des traits de construction, pour placer les formes et leurs proportions avec un crayon discret et effaçable, avant de se lancer dans le dessin au stylo,
- Dessiner de l’avant vers l’arrière, pour ne pas être embêté par un trait que l’on a dessiné (et que l’on ne peut pas effacer …), qu’il aurait fallu arrêter plus tôt, parce qu’il est caché par un élément au premier plan.
Pour en savoir plus sur le dessin au stylo bille, comment démarrer et quels sont ses avantages, vous pouvez faire un tour sur cet article.

Un petit trait en trop … les erreurs ne pardonnent pas au stylo … ou pourquoi dessiner de l’avant vers l’arrière
Dernière difficulté rencontrée : dessiner quand on est en compagnie et que l’on se balade.
Comment dessiner en balade quand on est accompagné
Difficile de s’arrêter pendant une randonnée à chaque fois que l’on rencontre quelque chose d’intéressant si on est accompagné.
Je ne me voyais pas trop demander d’attendre 5-10 minutes sur place à chaque fois que je voyais une plante intéressante que j’avais envie de prendre en notes tout au long de la balade …
Un gros avantage de certaines balades que l’on a faites, notamment celles à la réserve naturelle nationale du Néouvielle, est qu’on a pu se poser au bords des lacs pour manger et se reposer … ce qui était une bonne occasion pour dessiner 🙂.
Un point de vue peut aussi permettre à tout le monde de se poser un peu, et de votre côté, vous pourrez dessiner.
Une autre option est de dessiner quand vous rencontrez quelque chose que vous trouvez intéressant et laisser vos amis continuer, pour les retrouver un peu plus loin, au prochain point de vue par exemple.
C’est une option que je n’ai pas testée parce que je la trouve un peu moins sympa, mais c’est très personnel, à vous de tester et de voir 🙂.
Une dernière option est de prendre des photos et de dessiner à partir de ces photos.
Dessiner à partir de photos prises, une bonne idée ?
Si vous prenez une photo très rapidement, sans prendre le temps d’observer, et dans l’idée de dessiner plus tard à partir de cette photo, elle n’évoquera pas forcément grand chose. Ce serait presque comme dessiner à partir d’une image trouvée sur internet, ce qui est un peu dommage.
Une photo limite aussi les possibilités : on ne peut plus observer le sujet depuis différents points de vue, en se rapprochant etc.
Dernière limite, cela demande de prendre le temps de faire le dessin après coup en reprenant la photo, ce que l’on ne fait pas forcément, surtout en vacances ou en voyage.
Par contre, cela permet de faire des dessins plus finalisés, plus soignés …
Une solution intermédiaire, utilisée notamment par Anastasiia Morozova en voyage, est de commencer le dessin sur le terrain et de prendre une photo si vous n’avez pas le temps de le finir pour le compléter ensuite.
Attention par contre à compléter le dessin le jour même, pour que le souvenir reste frais et que ce soit plus motivant, et pour éviter d’accumuler les dessins non finis et à faire plus tard et les photos associées.
Ce n’est pas une approche que j’ai faite parce que je préfère que ce que je note dans mon carnet corresponde à ce que j’ai pu observer réellement sur le terrain. Mais c’est un goût personnel, c’est une solution intermédiaire qui reste intéressante et qui pourrait vous convenir, à vous de tester et de voir

Petit dessin rapide à partir d’une photo
Conclusion
Dessiner et tenir un journal nature en vacances, dans un nouvel environnement, est un formidable moyen d’observer plus de choses, de faire des découvertes et de s’en souvenir.
Il n’y a aucune pression, des fois l’envie de dessiner n’est pas là, ou on a simplement pas le temps de le faire, et ce n’est vraiment pas un problème.
En voyage, comme au quotidien, le but de tenir un journal nature n’est pas de faire des œuvres d’art mais de dessiner pour mieux observer, pour faire des découvertes et s’en rappeler.
Finalement, la promesse de départ est plutôt tenue, tenir ce journal pendant cette semaine de vacances m’a permis d’observer plus de choses, d’avoir plus de souvenirs, des souvenirs qui sont également plus vifs.
J’ai aussi bien progressé en dessin, pendant cette semaine, et pour la suite j’ai de bonnes pistes à travailler.
Ce qui m’a le plus permis de progresser sont :
- De nouveaux sujets, nombreux et passionnants, qui présentent de nouveaux challenges, permettent de savoir quoi travailler pour la suite et qui donnent un bon boost de motivation,
- Le dessin de paysage pour le travail en couleur avec l’aquarelle et pour les proportions quand il y a différents éléments dans un dessin,
- Le dessin au stylo bille, pour gagner en confiance, avoir un trait plus assuré et avoir moins peur de rater.
Pour aller un peu plus loin, vous trouverez dans les ressources juste en dessous, des liens pour accéder à des articles sur les différents points abordés ici : traits de construction, dessin de paysage, dessin au stylo bille, journal nature.
Vous pouvez aussi accéder juste en-dessous à un guide pour apprendre à découvrir la nature grâce au dessin 🙂.
Et si vous avez des questions ou partages, rendez-vous dans l’espace commentaires un peu plus bas, j’y répondrai avec plaisir !
Bonnes explorations nature et bons dessins !
À très vite !
Ressources
(1) Henkel, L. A. (2014). Point-and-Shoot Memories: The Influence of Taking Photos on Memory for a Museum Tour. Psychological Science, 25(2), 396-402. https://doi.org/10.1177/0956797613504438
(2) Martinez, S.; Wenger, É.; Raut, J. La mémoire est un jeu, Illustrated édition.; Premier Parallèle: Paris, 2018.
(3) Murre, J. M. J.; Dros, J. Replication and Analysis of Ebbinghaus’ Forgetting Curve. PLOS ONE 2015, 10 (7), e0120644. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0120644.
(4) The Natural Way To Draw, Kimon Nicolaides, 1941 (vu dans Dessiner grâce au cerveau droit, Betty Edwards)
Pour aller plus loin :
- Comment faire des dessins plus facilement : les traits de construction
- Comment dessiner des paysages facilement et rapidement
- Dessiner au stylo bille : astuces pour débuter
- Comment découvrir et dessiner la Nature tous les jours avec le Nature Journaling
- Site du Parc national des Pyrénées
- Informations sur la réserve naturelle nationale du Néouvielle : ici et ici
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- 3 étapes pour capturer et retenir vos découvertes nature
- Comment utiliser vos 5 sens pour découvrir les merveilles de la nature et enrichir vos dessins
- Quel matériel choisir pour démarrer le dessin et l’observation de la nature
- Comment exprimer votre créativité et explorer différentes techniques de dessin
