Comment rendre vos dessins plus vivants et plus intéressants avec une simple astuce ?

Aujourd’hui, nous allons parler ligne et plus précisément épaisseur de ligne.

Avant de connaître cette astuce, j’avais souvent l’impression que mes dessins étaient plats et qu’il manquait un petit quelque chose pour les rendre plus vivants et intéressants.

Pourtant la précision était bonne et les proportions aussi …

C’est en fait assez courant et peut-être que vous avez parfois cette même impression.

Et puis j’ai découvert le souci : une ligne trop uniforme.

Avec l’astuce que nous allons voir vous pourrez donner tout de suite plus de vie, de dynamisme et de profondeur à vos croquis.

Même si vous ne changez rien d’autre, vous verrez tout de suite la différence ! Et la bonne nouvelle c’est que ça ne vous prendra pas forcément plus de temps 🙂.

Dans cet article, nous allons voir où et quand varier l’épaisseur de son trait pour des dessins plus vivant et avec plus de profondeur.
Nous verrons concrètement comment faire avec un exemple pas à pas.

Bonne lecture et bonne découverte.

C’est parti !

Origine d’une astuce toute simple

Cette technique est utilisée depuis longtemps puisqu’on la retrouve dès la Renaissance avec des artistes comme Léonard de Vinci.

Dans ses dessins de tête par exemple (comme « The head of an old bearded man in profile »), il utilisait des épaisseurs de ligne différentes : des lignes fines et hésitantes pour explorer et des lignes fortes pour affirmer les contours finaux¹.

The head of an old bearded man in profile, Léonard de Vinci, 1518 (Wikimédia)

Cette approche est rentrée peu à peu dans les bases de l’enseignement du dessin dans les écoles d’art moderne et de design et on la retrouve maintenant un peu partout.

Les architectes et professionnels du design technique utilisent même une hiérarchie de ligne normalisée imposée par une norme dans le but de faciliter la lecture des plans et dessins.

On retrouve alors en général 3 épaisseurs de ligne : fort (0,5 à 0,7 mm), moyen (0,25 à 0,35 mm), très fin (0,15 à 0,2 mm)².

Comment ça fonctionne ?

En pratique, le principe repose sur l’utilisation de 3 épaisseurs de ligne différentes donc :

• Les lignes épaisses, qui attirent l’attention en premier et sont perçues comme étant plus proches ou plus importantes. Elles sont utiles pour les contours externes et les éléments au premier plan.

•  Les lignes moyennes, utilisées pour la majorité du dessin, servent à créer des transitions et des effets de superposition entre les éléments à l’avant (lignes épaisses) et les éléments juste derrière (lignes moyennes).

•  Les lignes fines servent à indiquer les textures et les détails. Elles permettent d’ajouter du réalisme sans distraire du sujet principal.

À ça il faut ajouter un principe tout simple : plus un élément est éloigné, plus la ligne utilisée pour le dessiner est fine.

Ce principe permet d’ajouter un effet de profondeur facilement :

• • Objet proche : ligne épaisse
  • Objet intermédiaire : ligne moyenne
  • Objets lointains ou détails de surface : ligne fine

Varier l’épaisseur de ligne permet de guider l’œil du spectateur naturellement vers les éléments principaux sans effort de sa part et donne tout de suite une impression de profondeur.

Les lignes principales sont bien plus épaisses que les feuilles pour ce petit escargot (La FoeZ’, Flickr)

• Elle vient de siècles de pratique artistique formelle,

• Elle reprend les principes de la hiérarchie visuelle,

• Elle repose sur comment notre cerveau traite naturellement une image.

Je vous propose maintenant de voir concrètement comment appliquer cette technique 🙂.

Les 4 étapes pour maîtriser l’épaisseur de ligne et avoir une ligne vivante

Deux cas sont possibles :

• Soit vous avez un dessin fini et vous souhaitez l’affiner pour lui donner plus de profondeur et de dynamisme.

• Soit vous partez d’une feuille blanche.

Nous verrons rapidement à la fin de cette partie comment retravailler très facilement un dessin déjà fait.

Je vous propose donc de voir d’abord les étapes si vous partez d’une feuille blanche.

Étape 1 : Placer les formes et proportions avec des traits de construction

Pour tous les dessins que je fais, j’utilise des traits de construction.

Ces traits permettent de procéder en 2 grandes étapes : saisir les formes et les proportions, et se concentrer sur le détail des contours.

C’est effectivement très compliqué de se concentrer sur une seule partie pour être précis sur la direction des traits à tracer (dessiner la patte d’un oiseau par exemple) et garder une vision d’ensemble pour respecter les proportions globales.

Ces traits sont donc des traits légers, rapides, et simplifiés (ovales, cercles, rectangles, …), qui permettent de noter les masses et les proportions.

Ils peuvent être corrigés facilement, contrairement à un dessin que l’on aurait fait soigneusement en prenant son temps. Une fois les proportions bien en place, le dessin est fait par-dessus ces traits et s’appuie dessus pour rentrer dans le détail.

Niveau matériel, un crayon discret et effaçable comme le « Non-photo blue pencil col-erase #20028 » de Prismacolor est parfait pour ces traits mais un crayon avec une mine sèche (H, 2H, 4H) ou votre crayon habituel utilisé en appuyant très peu peut aussi très bien fonctionner.

Voici un petit exemple en image pour que ce soit plus concret. Les traits sont appuyés pour être visibles mais ils devraient rester très discrets en réalité.

Quelques traits de construction servent à indiquer les proportions et les angles

Étape 2 : Faire le dessin en trait moyen

Vous pouvez vérifier une dernière fois les proportions et les ajuster si besoin.

Par-dessus ce tracé, nous allons faire le dessin précis en utilisant un trait moyen.

Ne vous occupez pas des détails à l’intérieur de votre sujet pour l’instant, nous verrons ça après.

Je vous conseille de dessiner de l’avant vers l’arrière : de cette manière vous saurez précisément où arrêter vos traits pour les éléments qui se superposent et vous pourrez jouer facilement sur l’épaisseur de ligne.

Commencez par dessiner les éléments à l’avant avec un trait moyen ou légèrement plus marqué, puis faites les éléments au second plan avec un trait un peu plus fin, pour finir par les éléments à l’arrière-plan avec un trait encore plus fin.

Cette approche vous permettra d’ajouter un petit effet de profondeur facilement 🙂. 

C’est le moment d’ajouter les détails ! 

Petit dessin plus précis à partir des premiers traits de construction

Étape 3 : Ajouter détails et textures

Représentez les détails de surface et les textures avec un trait fin et discret.

Pour donner un effet de profondeur en plus facilement, le principe ici est que plus un élément est proche, plus il devrait avoir de détails. Inversement, un élément éloigné ne sera presque pas détaillé.

On ajoute quelques détails …

Étape 4 : Renforcer certains traits

Nous allons maintenant renforcer certains traits pour les rendre plus épais.

Voici 4 principes pour savoir où placer les traits les plus épais.

Ils peuvent être utilisés pour :

• Les éléments importants à faire ressortir,

• Les éléments au premier plan et ceux qui en superposent d’autres,

• Les contours externes : comme tous ces principes, ce n’est pas une règle rigide. Le trait peut varier, par exemple être plus fin pour les zones les plus proches de la source de lumière,

• Les éléments à l’ombre

On renforce certains traits et on obtiens un beau petit champignon ! 

Les traits sur les contours du chapeau, certaines ombres au niveau des détails du chapeau et du pieds on été renforcés. Les détails et texture sur le pied sont en trait bien plus fins. Un petit arrière plan en traits très fins a aussi été ajouté pour situer le champignon. 

4 étapes pour un champignon

Récapitulatif de la démarche et remarques

Remarques

Comme nous l’avons vu au début, vous pouvez tout à fait reprendre un dessin déjà fait et retravailler l’épaisseur des lignes en respectant les principes que nous venons de voir.

Vous pouvez atténuer certains traits avec une gomme « mie de pain » ou une gomme classique (un peu moins pratique), et en renforcer d’autres en repassant dessus.

Le principe de la variation d’épaisseur de ligne peut être utilisé avec toutes les techniques.

Si vous êtes à l’aise avec les feutres par exemple, vous pouvez faire des traits d’épaisseur différente en repassant certains traits ou en utilisant des feutres avec des pointes plus ou moins larges.

Certains outils permettent aussi de varier l’épaisseur de ligne en variant la pression exercée. C’est le cas des stylos brosse ou des pinceaux noirs.

Voici deux références que j’ai testées par exemple :

• • Stylo brosse ou brush pen, UniPin : lien
  • Feutre pinceau noir Pentel « Color brush »

Les 2 demandent un peu de pratique mais le stylo brosse reste bien plus facile à utiliser je trouve. Il faudra être à l’aise avec le fait de dessiner au feutre par contre.

Vous pouvez trouver quelques conseils pratiques pour utiliser des feutres pour dessiner juste ici.

Récapitulatif

Vous maîtrisez maintenant les 4 étapes pour jouer sur l’épaisseur des lignes dans vos dessins, et les rendre plus vivants.

Voici un petit résumé de ces étapes :

• 1. Utiliser des traits de construction pour fixer les formes et les proportions,
  

• 2. Faire le dessin en trait moyen (sauf les détails, faits dans un deuxième temps), en dessinant de l’avant vers l’arrière. Plus la partie à dessiner est vers l’arrière-plan, plus le trait utilisé peut être fin,

• 3. Ajouter les détails et textures en traits fins en respectant le principe que les parties proches devraient être plus détaillées que les parties éloignées pour renforcer l’effet de profondeur,

• 4. Renforcer les lignes principales : éléments importants, éléments qui en superposent d’autres, éléments au premier plan et ombres.

Cette approche par étape est utilisée par de nombreux illustrateurs pour son côté pratique et applicable avec différentes techniques de dessin 🙂.

Un petit exercice pour intégrer ces conseils…

Prenez n’importe quel objet naturel autour de vous (une feuille, un caillou, une branche, une plante en pot voire un fruit ou un légume).

Faites un croquis rapide de 10 minutes en suivant les 4 étapes que nous avons vues : traits de construction, dessin précis avec un trait moyen, de l’avant vers l’arrière, détails et textures en traits fins, et enfin renforcement de certains traits importants ou proches.

Regardez le résultat : vous devriez être surpris 🙂.

En à peine plus de temps que d’habitude, vous avez réussi à faire un dessin plus vivant, avec une impression de profondeur bien plus marquée.

Pour voir la différence, vous pouvez refaire le même dessin avec un trait uniforme.

Une autre approche pour comparer les résultats sans faire 2 dessins pourrait être de :

• 1. Faire votre premier dessin comme d’habitude,

• 2. Le prendre en photo,

• 3. Retravailler certains traits en appliquant les conseils que nous avons vus,

• 4. Et enfin comparer le résultat avec la photo prise.

Conclusion

Un dessin avec un trait uniforme partout peut être peu lisible, plat et peu vivant.

Trop de traits sans hiérarchie peuvent aussi perdre la personne qui regarde le dessin puisque les yeux ne savent pas où se poser. Varier l’épaisseur des traits permet alors de guider naturellement le regard (principe de la hiérarchie visuelle) et donne une impression de profondeur simplement.

Comme nous l’avons vu, cette astuce est largement répandue dans le milieu de l’art, et est également utilisée dans l’architecture et dans le design pour aider à la compréhension et la lisibilité des dessins.

Les lignes épaisses sont donc utilisées pour les éléments importants à mettre en valeur, pour les éléments au premier plan, pour ceux qui en superposent d’autres et pour les ombres.

Les lignes moyennes sont utilisées pour la majorité du dessin.

Enfin, les lignes fines servent à représenter les détails et les textures.

Varier l’épaisseur des lignes permet de donner une impression de profondeur facilement : plus un élément est éloigné, plus les lignes utilisées pour le représenter devraient être fines. Une bonne stratégie est donc de faire le dessin de l’avant vers l’arrière (dessiner les éléments au premier plan, puis ceux juste derrière, puis ceux à l’arrière-plan).

Il faudra bien sûr un peu de pratique pour intégrer cette approche en étant à l’aise mais elle vient assez vite.

Il s’agit simplement de repérer où mettre des lignes épaisses, moyennes et fines, puis de jouer sur la pression exercée sur le crayon et / ou de repasser certains traits.

Avec la pratique, vous saurez plus facilement où faire des lignes plus ou moins épaisses.

Et pas de pression, vous pourrez toujours atténuer une ligne avec une gomme « mie de pain » ou une gomme classique, ou bien en renforcer certaines en repassant dessus 😉.

Pour bien intégrer ces conseils et pouvoir les réutiliser facilement dans vos prochains dessins, je vous recommande chaudement de prendre 5-10 minutes maintenant pour tester le mini exercice que nous avons vu en fin d’article !

Merci pour votre lecture, j’espère que cet article vous a plu !

S’il vous a aidé, et que vous pensez qu’il peut aider quelqu’un d’autre, n’hésitez pas à le partager 😉.

Et rendez-vous dans l’espace commentaires juste en dessous si vous avez des questions ou partages.

J’y répondrai avec plaisir !

À très vite ! 

Ressources

• (1) Leonardo da Vinci and Renaissance Drawing, Osborne, M. P., 2019

• (2) Le Dessin technique – Wikipédia

• Field sketching basics, John Muir Laws, YouTube

• The Nature Journal Connection, Episode 24, Four Drawing Tricks, John Muir Laws, YouTube

• How to Draw: Drawing and Sketching Objects and Environments from Your Imagination, Scott Robertson, Design Studio Press, 2013 : livre sur le dessin d’imagination en perspective, le poids des ligne est abordé

• The Laws Guide to Nature Drawing and Journaling, John Muir Laws, Heyday Books, 2016 : sur le dessin nature, le poids des lignes et ausi abordé

• Visual hierarchy, Dochipo, 2024

• 12 Visual Hierarchy Principles Every Non-Designer Needs to Know, Visme, 2022

• Technical Drawing standards: Line weights, Paul Munford, Cadsetterout, 2010 

• Line Hierarchy in Ink Drawing, Eugenia Hauss, The virtual instructor,